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ou de transports, et les marins de nos voiliers absens de France. Au jour de l’appel général, l’inscription maritime ne fournirait pas plus d’une trentaine de mille hommes, réserve indispensable pour remplir les vides qui se produiraient sur notre flotte et pour assurer le ravitaillement en charbon dans nos ports de guerre ; l’on ne saurait, en effet, imposer cette pénible corvée aux équipages exténués des navires revenant de la mer ou du combat.

Une commission mixte, présidée par M. le sénateur Lenoël, a été chargée d’étudier la question ; son enquête a conclu au maintien de l’inscription maritime, en s’appuyant sur cet axiome banal contre lequel rien ne peut prévaloir, à savoir que les marins ne peuvent se former qu’à la mer.

L’inscription maritime ne fournit cependant que les deux tiers des effectifs de la marine, environ 20,000 hommes sur 35,000 (pied de paix).

La multiplicité, sans cesse croissante, des engins dont sont pourvus les bâtimens de combat a nécessité la création de spécialités formées à bord de navires-écoles. De ces spécialités, les unes sont d’un accès facile à tous, comme celles de gabier, de canonnier, de timonier et même de fusilier ; il en est d’autres, au contraire, telles que celles de mécanicien et de torpilleur, qui demandent une certaine instruction que l’on ne trouve pas toujours parmi les solides mais pauvres populations de nos côtes. La rude existence du pêcheur, qui bataille toute sa vie contre les élémens pour gagner son pain de chaque jour, est bien faite pour former de vaillans cœurs et de bons matelots ; en revanche, elle laisse peu de loisirs pour aller à l’école.

Pour assurer le recrutement des spécialités qui répondent aux exigences de notre nouvelle flotte, la marine admet des engagés volontaires pour une période de cinq à neuf ans, jeunes gens de l’intérieur qui optent pour l’armée de mer, attirés par les avantages offerts aux spécialités en vue desquelles ils s’engagent.

C’est la seconde des sources auxquelles puise la marine pour former ses équipages ; beaucoup de torpilleurs, de fusiliers et presque tous les fourriers et les mécaniciens en proviennent.

Les engagés volontaires qui quittent le service au bout de leur période d’engagement complètent les dix années qu’ils doivent à l’armée active dans la réserve de la flotte et sont astreints aux appels de vingt-huit jours dans les mêmes conditions que les réservistes de la guerre. Au bout de ces dix années, ils cessent de faire partie de la marine et sont versés dans l’armée territoriale.

Les deux classes de réservistes qui avaient été appelées à faire leurs vingt-huit jours à la date du 22 juin dernier formaient un total d’environ 3,700 hommes.