écrits ou livres de Martin Luther, de Jean Œcolampade, d’Ulrich Zwingle, de Martin Bucer, de Jean Calvin, ou tous autres hérétiques condamnés par la sainte Église. Converser ou discuter sur la sainte Écriture, principalement sur les matières douteuses et difficiles, enseigner ou expliquer les Écritures à quiconque n’aura pas étudié la théologie et n’aura pas été reçu par quelque université en renom, prêcher en secret ou en public, entretenir aucune des opinions professées par les hérétiques, est également un crime passible de la peine capitale. Les hommes périront par l’épée, les femmes seront enterrées vives, si un repentir sincère a expié leur funeste erreur. Les pécheurs obstinés seront brûlés vifs. Loger, soigner, nourrir, chauffer, vêtir un hérétique, ne conduit pas moins sûrement au supplice. Aux grands maux les grands remèdes.
La guerre a ralenti le cours de la justice ; maintenant que l’abdication solennelle de Charles-Quint vient de faire passer le pouvoir aux mains de Philippe II, maintenant surtout que la paix est conclue, prêtez l’oreille aux gémissemens qui s’élèvent d’Anvers :
« Dieu, père céleste, écoute notre plainte ! sois notre gardien, ô Seigneur ! Satan est plein de haine ; il veut perdre nos âmes et anéantir les fidèles. Sa rage est sans limites. O Seigneur, Dieu tout-puissant, vois d’en haut ma détresse ! Tant de gens ont déjà souffert ou sont morts pour la vérité ! L’échafaud, le bûcher, la noyade, nos persécuteurs, à leur honte, emploient tout contre nous. N’est-ce pas là une grande calamité ? Voyez ce qui s’est passé à Anvers : le margrave de Rijen, le chevalier Jan d’Immerzeel, est venu dans cette ville en l’année 1555. Il a commencé à poursuivre ceux qui ne cherchaient qu’à vivre en paix et à marcher dans la voie droite. Bientôt Pierre au pied-bot, Jean le tondeur de draps, Hans le brodeur, Frans l’armurier, ont quitté cette vie sur le marché, pour aller rejoindre le doux fiancé. Jeannette van der Leyen, jeune fille de Gand, ne pleurera plus. Sa vie s’est terminée dans l’Escaut. Barthélémy le potier et la bonne Rommeken, — Dieu les avait élus, — ils sont morts, eux aussi, sur la place du Marché.
« Dans l’année 1556, deux encore sont allés en paix. C’étaient des hommes sages et prudens, des hommes doux d’esprit. Abraham faisait beaucoup de bien ; Jan de Cudse également. La place du Marché à Anvers les a vus tous deux mourir.
« En l’année 57, ont à leur tour souffert dans leur chair, dans leur chair fragile : Martin le tisserand, George le vieux marchand d’habits, Guillaume le tondeur de draps, Pierre le boulanger et Victor. Jérôme et Laurent van Gelder, Pierre le meunier, Jacques d’Ypres, Martin de Wael ont été jetés en prison, parce qu’ils se confiaient