A partir d’Udine, l’armée fut divisée ; le gros, sous le commandement du vice-roi, devait suivre en Carinthie les traces de l’archiduc Jean ; Macdonald, détaché avec son corps, eut pour mission particulière d’opérer dans l’Istrie, la Carniole et la Styrie, de prendre Goritz et Trieste, et de favoriser la marche du général Marmont qui amenait de Raguse l’armée de Dalmatie ; il avait toute liberté d’action, et comme on dit, carte blanche. Ses opérations ne furent qu’une suite de succès. A Laybach, la fortune lui réservait une de ses plus insignes faveurs ; il y avait là un fort et un camp retranché dont il lui était impossible d’avoir raison, n’ayant pas l’artillerie suffisante; il s’était donc borné à des démonstrations plus ou moins menaçantes et se disposait à tourner de nuit l’obstacle insurmonté, lorsqu’à dix heures du soir, un parlementaire lui apporta la capitulation de la place : « Vous faites bien, dit-il avec un grand sérieux, j’allais donner l’assaut! » Quelques jours après, il rejoignit à Gratz le prince Eugène et le gros de l’armée d’Italie. Il avait pris plus de dix mille hommes, cent pièces de canon, des drapeaux, des armes, des munitions, des magasins immenses. L’empereur lui en fit témoigner par le vice-roi sa grande satisfaction.
Les seules difficultés graves qu’il eût rencontrées dans cette course lui étaient venues, beaucoup moins de la résistance de l’ennemi ou de l’âpreté du terrain que du mauvais vouloir de quelques-uns de ses généraux. Dès les premières attaques, il s’était aperçu qu’elles étaient mollement faites; il se décida dès lors à les diriger en personne et à surveiller de près la stricte exécution de ses ordres. Le chef de la cabale était le premier de ses divisionnaires, le général Lamarque; le second, le général Broussier, était un homme honnête, mais assez faible d’esprit et de conception pour se laisser influencer par l’autre; Lamarque lui avait persuadé que l’empereur n’avait rappelé Macdonald à l’activité que pour achever de le perdre et que ceux qui servaient sous lui seraient, sinon tout à fait entraînés dans sa disgrâce, au moins exclus de toute récompense et de toute faveur. Il fallut couper court à ces essais d’insubordination ; deux jours avant la capitulation de Laybach, Macdonald fit une vive et publique algarade à Lamarque, avec menace de faire arrêter et conduire à l’empereur quiconque n’obéirait pas sur-le-champ; « dès lors, a-t-il dit, ces messieurs se bornèrent à caqueter, mais je ne m’en inquiétai pas. »
Un peu avant d’arriver à Gratz, Macdonald avait connu les douloureux résultats des deux journées d’Essling; mais il avait appris en même temps que l’empereur ne se décourageait pas. L’ordre lui vint de laisser un détachement en observation devant le fort de Gratz et de suivre avec la majeure partie de son corps le prince Eugène