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hessois, italien et napolitain; la cavalerie était italienne; Macdonald allait donc avoir sous ses ordres des Napolitains ! Le lendemain même de son arrivée au grand quartier-général, il eut à enlever Merseburg qui était défendu par le corps prussien d’York; l’attaque et la défense furent d’autant plus opiniâtres; Merseburg fut forcé le 29 avril. Trois jours après était livrée la bataille de Lutzen.

Pendant la première partie de la journée, le 11e corps avait opéré vers Leipzig, parce que l’empereur s’était persuadé d’abord que l’ennemi avait de ce côté-là ses principales forces ; mais le feu étant devenu de plus en plus vif sur la droite et le corps de Ney en ayant de plus en plus à souffrir, Macdonald fut rappelé en hâte ; il arriva au pas de course, dégagea Ney et soutint de ses carrés les charges plusieurs fois reprises des gardes russe et prussienne ; malheureusement l’empereur n’avait pas encore assez de cavalerie pour y répondre ; il n’y avait que quelques esca Irons qu’on ménageait comme une précieuse et presque unique ressource. La journée de Lutzen fut à l’honneur exclusif de l’infanterie et de l’artillerie.

L’ennemi ne tint pas à Dresde ; en se retirant, il fit sauter en partie le pont de l’Elbe. Macdonald, qui avait l’honneur d’être à l’avant-garde, fit jeter des échelles par-dessus les arceaux effondrés ; son infanterie passa, puis le génie aidant, l’artillerie même. Un matin, se croyant suivi du gros de l’armée, il se trouva tout seul en face de l’ennemi qui était en force; pour lui en imposer, il s’étendit comme une toile d’araignée, suivant son expression très juste ; mais la journée lui parut longue; la nuit venue, il fit allumer de grands feux sur plusieurs lignes; deux autres jours se passèrent ainsi; enfin, l’armée vint le soutenir. Le IP corps prit une part honorable aux journées de combat qui portent le nom de bataille de Bautzen, puis un armistice ayant été conclu, il prit ses cantonnemens en Silésie, dans le cercle de Löwenberg.

On sait ce que fut le congrès de Prague, une fantasmagorie, un trompe-l’œil ; les négociations rompues, la Prusse et la Russie rentrèrent en action, mais non plus seules, avec l’Autriche et la Suède ; la coalition était complète. En Silésie, les hostilités furent reprises par les alliés même avant l’expiration de l’armistice. L’empereur accourut, fit reculer Blücher, se retourna brusquement et bouscula devant Dresde Autrichiens et Russes. Ce fut le dernier éclair, non pas de son génie, mais de sa fortune. La victoire de Dresde est du 27 août; trois jours après, Vandamme était écrasé à Kulm, dans le défilé de Tœplitz, entre deux corps ennemis ; déjà, le 23, le maréchal Oudinot avait été battu à Gross-Beeren, sur la route de Berlin; enfin, le 26, Macdonald avait subi un grave échec sur la Katzbach.