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On demeure confondu en présence d’un pareil aveuglement. Et l’action des hommes d’État jetant leur pays dans l’alliance allemande, et provoquant ainsi en Italie une crise économique qui est loin de toucher à sa fin demeurerait inexplicable, si l’on n’avait vu quelles passions s’agitaient autour d’eux, de quels intérêts ils furent les instrumens, quelquefois inconsciens, et quels sentimens, les uns des plus respectables, les autres, moins avouables, de convoitise et de cupidité, contribuèrent à former le courant qui entraîna l’opinion publique.

Nous allons maintenant tâcher de préciser avec des chiffres ce que l’état économique de l’Italie est ainsi devenu.


II.

Il est d’usage de commencer l’étude des conditions économiques d’un pays par l’examen de l’état de sa population[1]. Cela est justifié par la considération que le mouvement de la population dépend de toutes les forces économiques qui agissent sur la nation, et qu’il résume leurs effets.

Le recensement, en Italie, se fait tous les dix ans. Le dernier ayant eu lieu le 31 décembre 1881, un nouveau devait se faire à la fin de 1891 ; mais le gouvernement l’a remis à une époque indéterminée, pour faire une économie vraiment mesquine, et qui n’est guère digne d’un peuple civilisé.

En se fondant sur le recensement de 1881, lequel a donné le chiffre de 28,459,628 habitans, ajoutant le nombre des naissances et déduisant celui des morts, on arriverait, pour la fin de 1890, à une population de plus de 31 millions d’âmes. Mais en tenant compte de l’émigration, que l’on ne connaît pas très exactement, M. Bodio, directeur général de la statistique italienne, croit que ce nombre doit être réduit à 30 millions à peu près.

Le mouvement de la population, dans les trois années qui suivirent le recensement de 1871, comparé au mouvement observé pendant une même période après le recensement de 1881, présente, pour la mortalité, une diminution assez considérable, qui est une conséquence de l’amélioration des conditions hygiéniques du pays. Et l’on a tout lieu de croire que, depuis cette époque, de nouveaux progrès en ce sens ont eu lieu[2].

  1. De Foville, 'la France économique. — Bodio, Di alcuni indici, etc.
  2. Bodio, Quelques renseignemens sur les conditions hygiéniques, etc., inséré dans le Bulletin de l’Institut international de statistique, 1887.