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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 108.djvu/350

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pièce primitive a été conservée. On a bien voulu me la communiquer et je puis la donner ici :


LA CROIX[1].


Au retour du combat tout couvert de morsures,
Et songeant au péril qu’il venait de courir,
Quand le lutteur comptait et sondait ses blessures
Et qu’il se demandait s’il n’allait pas mourir,
Il n’avait qu’à jeter vers la hauteur céleste
Du fond de sa détresse un regard attristé
Pour sentir tant de trouble et de langueur funeste
Se changer en espoir, en bonheur, en clarté.
Comme un point lumineux qu’en vain le brouillard voile
Dans le lointain brumeux, sous un ciel sans étoile,
Il avait vu reluire un phare ensanglanté :
La Croix ! Elle était là sur la sainte colline,
Mais visible aux seuls yeux qu’elle veut éclairer.
O Pascal ! Sa lueur te cherche et t’illumine,
Tu ne peux plus dès lors périr ni t’égarer.
Tout est clair et certain, point d’erreur, point de doute,
Sans arrêt désormais, vers ton but assuré
Marche résolument, car tu connais la route
Et te voilà déjà sur le sommet sacré.
Oui, c’est bien le calvaire, et la croix le domine,
Portant un Dieu mourant et couronné d’épines,
Qui d’un étrange éclat brille dans sa pâleur.
O douloureux flambeau, lumineuse victime !
Tous les rayons partis de ce foyer sublime,
Pascal, avec amour convergeaient vers ton cœur ;
Et ce cœur s’attendrit, il se plonge, il se baigne
Dans la clarté divine, en plein ravissement ;
Cette place où l’on souffre, où l’on pleure, où l’on saigne,
Devient un lieu d’ivresse et d’éblouissement.


PASCAL.

J’aime, je sais, Amour, Certitude, Allégresse !
Vous êtes le Seigneur et je me sens aimé !
Que je vous ai cherché dans mes jours de détresse !

  1. Les quatre premiers vers sont les mêmes que dans la pièce du même nom qu’on trouve dans le recueil. Tout le reste diffère.