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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 108.djvu/927

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même souvent jusqu’à un âge plus avancé, occupent le même lit, où toute l’atmosphère est sensuelle, où l’homme est descendu plus bas que le cochon. »

Mme Besant imite d’ailleurs la franchise de l’évêque anglican. Elle décrit les suites terribles des relevailles de couches trop prématurées auxquelles la nécessité de gagner son pain soumet l’ouvrière, et, traduisant les termes médicaux en langage populaire, explique que les grossesses trop fréquentes sont aussi une des grandes causes des maladies féminines… Est-ce donc bien, est-ce-donc moral, de ruiner sa santé pour répandre la misère autour de soi ? Non, c’est une perversion qui pousse les époux à fermer les yeux sur les tristes conséquences qu’entraîne l’accroissement indéfini de leur famille. Cette sorte d’intempérance est aussi immorale que l’intempérance dans la boisson. Du reste, trop souvent, les conséquences de la maternité, c’est le crime. Le docteur Lankaster a dit « qu’à Londres seulement, il existe 16,000 femmes qui ont tué le fruit de leurs entrailles ; » et le docteur Atwood, de Macclesfield, a avoué « que fréquemment il avait la preuve, sinon légale, au moins morale, que les femmes se débarrassaient de l’enfant qu’elles portaient, mais qu’à ce point de vue Macclesfield n’était pas pire que les autres villes manufacturières. » — Ainsi la misère, la maladie, le meurtre, tels sont les résultats de cette belle augmentation du nombre des vivans. Au lieu de laisser agir ces aveugles, ces horribles freins qu’on a traités de naturels et parfois de providentiels, ne pourrons-nous trouver quelque chose ? La science ne nous aidera-t-elle pas ! L’homme raisonnable et civilisé doit-il comme la brute s’incliner devant la nature aveugle et méchante ? N’y a-t-il pas de salut pour le pauvre ?

À cette question Malthus a répondu : Attendez pour vous marier d’être en mesure de nourrir vos enfans, et mariez-vous le plus tard possible pour en avoir le moins possible. Étrange remède ! L’homme supérieur, prudent, intelligent, ne produirait qu’une petite postérité ; l’homme imprévoyant et léger ne limiterait pas la sienne. Ajoutez que le résultat immédiat serait d’aggraver la plus honteuse maladie du siècle, la prostitution. L’homme n’est pas fait pour vivre seul. Admettons même pour un instant que la plaie sociale dont on vient de parler n’existe pas, que l’homme et la femme restent chastes. Leur perfection apparente ne sera qu’une monstruosité ; ils sont faits pour être époux, et le célibat est un état inférieur. Les célibataires meurent vite, ils sont maladifs, craintifs, nerveux, ils peuplent les hôpitaux d’aliénés. Ne parlons pas d’autres affections que Mme Besant nous décrit. Elle ne recule devant rien : le moyen de Malthus est récusé ; reste donc ce qu’elle