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Consolidé avait atteint 92.50 ; il s’est encore avancé de deux points, à 94.50. L’emprunt 3 pour 100 s’est traité entre 78 et 78.50.

L’Italien est en pleine recrudescence de faveur, gagnant 1 1/2 pour 100 à 91.45, de même le Hongrois, porté de 90.25 à 91.50.

Les fonds turcs ont été fort recherchés en vue de certaines combinaisons financières longtemps ajournées et que l’on pense aborder à bref délai.

Le Suez a reperdu à 2,720 environ 30 francs sur les cours repris en liquidation. Le Crédit foncier, le Crédit lyonnais, la Banque de Paris, ont gagné une dizaine de francs depuis le 2 décembre, les Chemins français de 10 à 15 francs, les Méridionaux d’Italie, plus de 40 francs, les Autrichiens, 12.50.

En banque, le Rio-Tinto a reculé à 440 francs sur la faiblesse des cotes du cuivre transmises de Londres et de New-York.

Le 7 du mois courant ont été communiqués aux parlemens d’Allemagne, d’Autriche-Hongrie et d’Italie, les traités de commerce conclus par ces puissances entre elles et avec des États voisins, la Belgique et la Suisse, et bientôt sans doute avec les États de la péninsule des Balkans. Cette présentation a pris le caractère d’un véritable coup de théâtre ; on en a voulu faire la réplique économique de la triple alliance à l’entrevue de Cronstadt. Les concessions de tarifs que se sont faites les puissances signataires de ces traités de commerce ont une réelle importance et réalisent au centre de l’Europe la constitution de ce Zollverein dont on avait un instant menacé les États-Unis au lendemain du vote des bills Mac-Kinley.

Cette fois, c’est contre la France et la Russie que le Zollverein est constitué. Grâce à l’obstination protectionniste de nos législateurs, les nouveaux alliés ne désespèrent point de faire entrer l’Espagne et ultérieurement le Portugal, et même l’Angleterre, dans leur association.

Les membres de notre parlement, hypnotisés en quelque sorte par la pensée obsédante de la protection à assurer à l’agriculture, ne veulent pas voir qu’en s’obstinant dans le système où une politique étroite et de courte vue les a engagés, ils travaillent à ruiner l’exportation française. Nous n’en voulons pour preuve que le tarif que l’on veut imposer à l’entrée des livres étrangers. Ces droits, s’ils étaient établis, provoqueraient des représailles ; or la France vend vingt fois plus de livres qu’elle n’en achète, et pour sauver six millions, on risquerait étourdiment de faire perdre cent vingt millions à la production de la France. On peut se demander si l’application d’une telle politique ne nuirait pas très vite au crédit même du pays et à la bonne tenue de ses fonds publics.


Le directeur-gérant : CH. BULOZ.