ces magasins dont les débuts avaient été des plus modestes, mais qui, sous une impulsion puissante, ont ajouté de nombreuses spécialités à celles qui leur avaient servi de point de départ et concentré sous le nom de nouveautés une grande partie des objets servant au vêtement et à l’habitation humaine. C’est à cette transformation que nous assistons. Elle n’est que l’évolution logique, impérieuse d’un état de choses que ses auteurs n’ont pas créé, mais dont ils ont su profiter et qui de plus en plus deviendra une nécessité chez tous les peuples civilisés, comme le prouve le nombre croissant des grands magasins dans les principales villes de France et de l’étranger.
Cependant, bien que cette forme nouvelle n’ait pas encore atteint son complet développement, elle est à la veille d’être dépassée. Déjà on peut voir poindre l’innovation qui succédera à la concentration du commerce de détail en grands magasins. Nous voulons parler de l’association coopérative de consommation. La société moderne a une tendance invincible à rechercher le bien-être et même le luxe relatif, non pas tant par une augmentation des profits qui sont forcément limités, que par la réduction constante du prix des choses nécessaires à la vie. Ce qu’elle veut, c’est, à force d’ingéniosité, pouvoir acquérir, pour une somme égale ou même inférieure, une quantité d’objets de meilleure qualité ou supérieure en goût à celle que la génération précédente se procurait. Depuis cinquante ans, mais surtout depuis ces vingt dernières années, les salaires et les émolumens ont augmenté dans des proportions considérables. A l’heure actuelle, il est vraisemblable qu’ils vont rester à leur niveau, si toutefois ils ne diminuent pas. La grande concurrence que se font entre eux les industriels et les commerçans, l’extension de l’instruction publique à tous ses degrés et dans toutes les classes, le nivellement qui s’est opéré dans les prix des objets naturels aussi bien que dans celui des services d’un ordre plus relevé, toutes ces causes auront pour effet de maintenir l’état de choses présent avec une tendance plutôt à la baisse qu’à la hausse. Les classes nouvelles qui arrivent à la vie ont compris qu’elles ne pouvaient améliorer leur condition que par l’abaissement du coût de l’existence. Or cette condition essentielle ne peut être obtenue que par la concentration du crédit, la centralisation des capitaux et la répartition des frais généraux sur une masse colossale de consommateurs. Ce problème, le commerce en grands magasins l’a résolu en partie, la coopération l’achèvera, parce qu’avec ce système seul il devient possible de diminuer les frais généraux qui pèsent sur le commerce concentré tels que ceux relatifs à la direction, à la rémunération du capital social et surtout aux frais de