feu des querelles religieuses qui semblait à demi éteint et que la violence des polémiques a si singulièrement rallumé. On ne se serait certes pas douté d’une si prochaine recrudescence de toutes les passions il y a quelques mois, lorsque l’apaisement semblait" être le mot d’ordre accepté des rapports du gouvernement et des représentans de l’Église, lorsque la modération était dans les discours des évêques, de M. le président de la république et des ministres. Évidemment on n’enserait plus là aujourd’hui, au moins à en croire les apparences et les polémiques. Le fait est que, depuis quelque temps, ce ne sont que discussions passionnées, consultations ou turbulentes divagations sur les affaires de l’Église, sur l’apaisement ou la guerre entre le pouvoir civil et le pouvoir religieux, sur le concordat, qu’on dénonce bruyamment, sur la diplomatie du pape, qu’on fait intervenir à tout propos, sur la politique des évêques et du petit clergé dans la mêlée des partis. C’est le débat à outrance, assourdissant, de toutes les passions, de toutes les idées et même de toutes les arrière-pensées. Qu’y a-t-il de réel et de sérieux, qu’y a-t-il de factice dans cette campagne nouvelle d’agitation menée avec toute la fougue et l’âpreté de l’esprit de parti ? Sans doute, rien n’est plus vrai, il y a eu comme une traînée d’incidens aussi malheureux qu’imprévus qui ont ravivé les défiances et les dissentimens, qui ont créé une situation au moins délicate et ont interrompu un mouvement salutaire de pacification. Il est bien clair, cependant, que ces incidens, pénibles par eux-mêmes, n’ont rien changé dans le fond, et que l’intérêt de paix religieuse qui dominait tout est resté le lendemain ce qu’il était la veille. On avait un peu perdu le sang-froid au premier moment, il faut l’avouer ; on n’a pas tardé à le retrouver, on devait le retrouver dans le gouvernement comme au camp ecclésiastique, parmi tous ceux qui ont la responsabilité des affaires de l’Église et de l’État. Les plus prudens ont compris le danger de se livrer aux incidens, de pousser à bout le conflit.
On a commencé à se ressaisir ; mais le mal était fait, au moins jusqu’à un certain point. La lutte était partout, et si les esprits réfléchis, prévoyans, sentaient la nécessité de l’atténuer encore une fois, les partis extrêmes, prompts à saisir l’occasion, n’ont rien négligé pour raviver le feu, pour prolonger et envenimer la guerre.
Les radicaux pour leur part, exaspérés d’un commencement de pacification menaçant pour leur influence, ont mis aussitôt tout leur art à ranimer les passions anticléricales, à embarrasser le gouvernement, à défier l’Église, à réveiller l’éternelle question du budget des cultes, du concordat. Quelques ultra-conservateurs à leur tour, tout aussi inquiets d’un mouvement qui avait semblé un instant rapprocher le clergé de la république, menacés de perdre une partie de leur clientèle, ont cru habile de se jeter à corps perdu dans cette guerre renaissante. Ils n’ont pas hésité à répondre à l’agitation par l’agitation, irri-