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LE
SOL ET LE CLIMAT DE LA GRÈCE



LEURS RAPPORTS AVEC LE CARACTÈRE DE SA CIVILISATION ET DE SON ART.


Les Grecs ont tout su ou plutôt tout deviné. Plus on les étudie de près, plus on pénètre dans le secret de leur pensée, qu’ils ont aimé longtemps à cacher sous le voile du symbole et du mythe, et plus on reconnaît que, depuis trois siècles, le puissant effort de la pensée moderne n’a souvent abouti qu’à démontrer, par une série d’observations et d’expériences méthodiquement enchaînées, telles ou telles vérités scientifiques que leurs sages avaient entrevues par une rapide intuition. Parmi les théories ou les hypothèses sur lesquelles repose aujourd’hui l’idée que nous nous faisons de la nature, des forces qui s’y jouent et des lois qui y président à la succession des phénomènes, il en est peu qui ne se soient un moment présentées à l’esprit de l’un ou de l’autre des philosophes de l’Ionie, de la Sicile et de la Grande-Grèce ou d’Athènes, qui n’aient été aperçues, par quelque hardi et pénétrant génie, comme à la lueur d’un éclair ; mais c’est surtout dans l’étude de l’homme, de l’homme vivant en société, de l’homme animal politique, comme dit Aristote, que les Grecs ont poussé aussi loin qu’elle peut aller la rigueur et la subtilité de l’analyse. A-t-on jamais décrit avec plus de précision que ne l’a fait Thucydide les maladies