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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 109.djvu/76

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ment dans la province de l’Inde la plus voisine des pays où ils ont résidé : tels étaient, en Birmanie, M. Barber et M. Warry, choisis parmi les meilleurs consuls d’Angleterre en Chine. Ce sont encore des officiers pris dans l’état-major de l’armée indigène et affectés, pour un temps indéterminé, à des emplois du service civil. C’est ainsi qu’en Birmanie le colonel Laughton dirigeait le (« secrétariat[1] ; » que le colonel Fryer était commissaire des finances, le colonel Sladen, dont nous avons déjà cité le nom, political officer près du roi Thibau, et qu’un certain nombre d’officiers de moindre importance remplissaient les fonctions les plus variées dans l’administration civile. Enfin, le civil service se recrute avec deux autres catégories de personnes ; les unes n’appartiennent pas à l’administration ; les autres en faisaient déjà partie, mais dépendaient de services autres que le service civil : toutes se recommandent au choix du gouvernement par leur connaissance approfondie de telle question, de telle contrée, etc. C’est pour des raisons de ce genre qu’en Haute-Birmanie, pour faire face aux premiers besoins, on enrôla l’explorateur M. Colquhoun, du corps des ingénieurs, sept ou huit fonctionnaires provenant des télégraphes, des finances, de la police, et trois personnes étrangères à l’administration : un régent de collège et deux agens de la Bombay-Burma trading corporation.

Les procédés que nous venons d’indiquer sont de ceux que nous employons aussi en France. Au Tonkin, par exemple, des officiers, généraux, colonels ou commandans, — quelques-uns fort distingués, M. de Maussion, notamment, M. Servière et M. Pennequin, — ont cumulé avec leur commandement militaire les fonctions de résidons, et bien des officiers de tous grades ont occupé des emplois civils où ils ont rendu de signalés services. Mais nous avons, je le crois, su, moins bien que les Anglais, utiliser les ressources immenses que, dans cet ordre d’idées, l’armée nous offrait. Les Anglais se sont gardés de deux fautes : ils n’ont pas, comme nous le faisons depuis la fin de 1886, exigé des officiers qui entrent dans les services civils qu’ils donnent leur démission et quittent définitivement l’armée, ce qui, avec quelques avantages sans grande importance, amène nécessairement ce résultat fâcheux : diminuer l’abondance et la qualité d’une collaboration si

  1. Le secrétariat ou bureau central existe dans chaque province et aussi près du gouvernement de l’Inde. « C’est lui qui contrôle l’ensemble et lui donne de l’unité. Du secrétariat partent les ordres qui règlent ou modifient les détails de l’administration. Au secrétariat aboutissent les rapports divers des officiers locaux qui seront dépouillés ulérieurement pour qu’on s’y puisse au besoin référer. (India office list, 1891, p. 127.)