Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 110.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

anciens. Il s’y trouvait des morceaux de marbre qui portaient une inscription dont on aperçut vite l’importance. Dès lors, les travaux furent poussés avec plus de précaution et les débris recueillis avec plus de soin ; mais, après quelques semaines, on fut obligé de s’arrêter, parce que les maisons placées au-dessus menaçaient ruine. Les fouilles furent reprises au mois de janvier 1891 et continuées jusqu’au mois de mars. On ne s’arrêta que lorsqu’on eut perdu tout espoir de faire de nouvelles découvertes. Ce premier travail achevé, il fallut en commencer un autre, qui n’était pas moins difficile. On essaya de rajuster tant bien que mal tous les fragmens épars qu’on avait trouvés, et, quoiqu’il restât entre eux beaucoup de lacunes, on vit en les rapprochant qu’ils appartenaient à deux séries d’inscriptions qui se rapportaient aux jeux séculaires, la première à ceux d’Auguste, la seconde à ceux de Septime-Sévère. Par bonheur, c’est le premier groupe, le plus important des deux, qui se trouve le mieux conservé. Il se compose de huit fragmens, qui réunis atteignent la hauteur de 3 mètres et contiennent 168 lignes d’une écriture nette et serrée.

Le hasard a voulu que, parmi ces fragmens, il s’en soit trouvé un qui nous apprenne d’une manière très exacte la destination du monument auquel ces marbres appartenaient. C’est un sénatus-consulte, rendu sur la proposition du consul G. Silanus, qui ordonne que, pour conserver la mémoire des jeux séculaires, on inscrira le procès-verbal de ce qui s’y est fait sur deux colonnes, l’une de marbre et l’autre d’airain, à l’endroit même où ces jeux ont été célébrés. Comme il était naturel, la colonne d’airain a disparu ; la colonne de marbre est précisément celle dont on vient de retrouver quelques débris. Le sénat avait bien raison de croire qu’elle conserverait jusqu’à la dernière postérité le souvenir des jeux d’Auguste.

C’est M. Mommsen que l’administration romaine a chargé de nous expliquer la précieuse inscription. Le grand épigraphiste vient de nous en donner un commentaire sobre, précis, complet, autant au moins qu’il pouvait l’être. Quelques difficultés restent à résoudre qui probablement ne résisteront pas à un examen plus minutieux ou à des découvertes nouvelles. Dans tous les cas, le plus fort est fait, et l’inscription, dans son ensemble, est devenue claire pour nous. Sans doute elle n’a pas changé l’idée que nous nous faisions des jeux institués par Auguste, mais elle nous donne sur eux des renseignemens que nous ignorions ; elle les place plus directement sous nos yeux ; elle nous permet d’en suivre de plus près tous les détails, et ces minuties ont une grande importance dans une religion formaliste, comme celle des Romains, où les pra-