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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 111.djvu/201

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mieux appropriés aux enfans qui ont de mauvais yeux ou qui sont rachitiques. L’institution possède un vaste jardin de près de deux hectares. C’est là que les élèves, sous la direction de maîtres expérimentés, s’instruisent de tout ce qui concerne la culture des plantes, la taille et la direction des arbres. Les plus exercés vont souvent apporter leur concours aux jardiniers en chef du Luxembourg. Ce travail en plein air est favorable à leur santé et à leur développement ; il convient aussi, entre tous, à leur infirmité ; car il n’exige pas d’échanges fréquens de questions et de réponses, et peut être fait presque isolément. Il en est de même de la menuiserie et de la cordonnerie.

Il existe pour l’enseignement professionnel trois modes principaux : l’envoi des élèves à l’extérieur chez des patrons d’apprentissage, l’enseignement donné à l’entreprise dans l’institution même, l’enseignement par des professeurs de la maison. Le premier mode, seul praticable dans les petites écoles, est notoirement défectueux à tous égards ; il a toujours été repoussé par l’Institution nationale. Voici en quoi consiste l’enseignement à l’entreprise : un industriel reçoit un local avec le chauffage, l’éclairage et le travail d’un certain nombre d’enfans. En échange, il donne l’enseignement, pour lequel il fournit l’outillage et la matière première. Ce procédé, général à l’institution il y a quelques années, épargne beaucoup de travail et de surveillance à l’administration, dont la tâche se borne à exercer un contrôle facile. Mais il ne donne pas toujours de bons résultats. Dans certaines professions, l’entrepreneur ne peut faire ses affaires qu’au détriment de l’enseignement, par exemple en spécialisant les élèves dans telle ou telle partie du métier. On y a donc renoncé pour la sculpture et la menuiserie. Aujourd’hui trois ateliers, cordonnerie, typographie et lithographie, sont confiés à des entrepreneurs ; trois autres, jardinage, menuiserie et sculpture, sont dirigés par des professeurs de la maison, avec un outillage et des matières premières qui appartiennent à la maison.

Les produits présentés à la dernière exposition universelle ont prouvé clairement le succès de l’enseignement professionnel de l’institution nationale. Une autre preuve bien plus intéressante est fournie par les enquêtes que l’administration fait tous les ans sur le sort des élèves qui viennent de terminer leurs études. La plupart, dès leur sortie de l’école, trouvent à gagner leur vie. Quelques-uns deviennent même des ouvriers hors ligne. Les typographes sont occupés sur tous les points du pays, quelquefois même dans les grandes maisons de Paris et à l’Imprimerie nationale, bien qu’on n’y entre qu’à la suite d’un concours. L’imprimerie de