MM. Firmin Didot, à Mesnil-sur-l’Estrée (Eure), n’emploie que des femmes, et toutes sont sorties de l’école des sourdes-muettes de Bordeaux. Le succès des lithographes n’est pas moindre ; plusieurs sont de véritables artistes. Parmi les sculpteurs, beaucoup, à la sortie de l’institution, continuent leurs études et suivent les cours des arts décoratifs.
M. Javal exprime avec raison le vœu que la bienfaisance privée fonde pour l’institution des sourds-muets une société d’assistance et de placement semblable à celle qui existe comme annexe de l’Institution Nationale des jeunes aveugles.
Les cinq heures que les élèves consacrent chaque jour au travail de l’atelier suffisent à l’enseignement professionnel et laissent à l’enseignement intellectuel tout le temps qu’il réclame. D’ailleurs ces deux enseignemens se prêtent un mutuel appui ; car c’est toujours par la parole que l’enseignement professionnel est donné, et les professeurs de langue exercent les élèves à lire sur les lèvres et à prononcer les mots les plus usités dans leurs professions et notamment les noms des outils.
En ce qui regarde l’enseignement professionnel, on peut affirmer que l’institution de Paris a une supériorité sensible sur toutes les autres écoles de France et de l’étranger. Il en est de même pour un enseignement plus artistique, mais auxiliaire très utile de l’apprentissage de plusieurs métiers, l’enseignement du dessin.
Les élèves sont exercés au dessin pendant toute la durée de leurs études. Il va de soi que l’enseignement est progressif et varie suivant l’âge et l’avenir présumé des sujets. Les élèves qui entrent sont traités comme ceux des classes enfantines ; puis, suivant leurs aptitudes et leur profession future, on les applique au dessin industriel ou on les dirige vers l’art.
Le personnel enseignant se compose : 1° de répétiteurs auxquels est confié jusqu’à nouvel ordre l’enseignement le plus rudimentaire (élèves de première année : dessin d’école enfantine) ; 2° de deux professeurs qui s’occupent respectivement l’un de la petite division ou petit quartier, sauf la première année, et l’autre du grand quartier (élèves déjà versés à l’enseignement professionnel) ; 3° d’un professeur de sculpture qui, outre le véritable enseignement professionnel aux apprentis sculpteurs du grand quartier, donne quelques leçons de modelage aux élèves de deuxième, troisième et quatrième année.
L’institution possède une belle salle de dessin et un atelier de sculpture. Le dessin enfantin se fait dans une salle d’études. Pour le matériel et les modèles, l’école est richement pourvue.