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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 111.djvu/208

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contient beaucoup d’ouvrages d’un intérêt courant pour les professeurs. Les exemplaires en sont multiples, pour que plusieurs maîtres puissent les emprunter en même temps. On leur prête aussi d’autres livres de la bibliothèque générale et de la bibliothèque spéciale, mais il en est de précieux et de très rares qui ne peuvent être communiqués que sur place.

Sous le nom de bibliothèque générale, on entend des ouvrages de philosophie, de littérature, d’histoire, dont un grand nombre remontent à l’origine de l’institution nationale. En 1793, deux instituteurs en formèrent le premier et le principal fonds en choisissant au dépôt des Cordeliers un certain nombre de volumes, éditions in-folio d’ouvrages grecs, latins, français, grands dictionnaires, ouvrages modernes, Descartes, Bossuet, Massillon, édition des fermiers-généraux de La Fontaine. On y a joint des ouvrages contemporains, Villemain, Cousin, l’Histoire de France d’Henri Martin, etc. Mais on a renoncé aujourd’hui à étendre cette bibliothèque dont le voisinage des bibliothèques Sainte-Geneviève et de la Sorbonne, de la bibliothèque pédagogique, permet de se passer. On enrichit surtout la bibliothèque spéciale, qui a un intérêt particulier pour l’institution.

Cette bibliothèque, qui s’accroît d’année en année, renferme, presque sans exception, les œuvres de tous les instituteurs et auteurs français sur l’éducation des sourds-muets et la plupart des ouvrages espagnols, italiens, anglais, allemands sur le même sujet. Il faut y joindre les traités spéciaux sur la production de la voix, l’acquisition de l’acoustique, la physiologie et l’anatomie des organes de l’audition et de la parole, le bégaiement et les autres vices de prononciation. Enfin l’institution est abonnée à chacune des revues spéciales qui paraissent dans tous les pays du monde.

Telle est dans son ensemble cette belle et intéressante maison, qu’on n’a pas visitée une fois sans désirer la revoir ; tels sont les bienfaits de cette éducation qui crée l’intelligence chez des êtres condamnés à en être à jamais privés et qui, en même temps, développe et fortifie leur corps. L’institution compte aujourd’hui plus de deux cents élèves. Ce nombre tend à augmenter. On a constaté que l’état sanitaire est excellent : les épidémies de rougeole, de fièvre scarlatine, de diphtérie, sont rares, et on réussit à les éteindre sur place. En dehors des soins et des exercices que nous avons racontés, d’autres causes concourent à ces heureux résultats : la maison est située dans un des quartiers les plus élevés de Paris, au milieu d’un vaste jardin, à côté de l’allée de l’Observatoire et tout près du jardin du Luxembourg. Un autre avantage dont aujourd’hui on comprend l’importance, c’est que les élèves boivent