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constater journellement l’exactitude de la remarque, — « que les chevaux arabes conservent sous tous les climats les caractères qui leur sont propres. » Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut montrer nulle part une famille de pur-sang arabe dont la taille ait été augmentée. Partout où on les a importés, en France, en Angleterre, en Russie, on s’en est servi pour améliorer les races indigènes et, s’ils ont donné des produits plus grands qu’eux, c’est manifestement parce qu’on les a accouplés à des jumens de grande taille. Lorsqu’on a ainsi recours à des croisemens entre races indigènes et races exotiques et que le sang des premiers pères s’allie assez bien avec celui des premières mères pour que les produits réussissent, il est tout naturel que ceux-ci se modifient, acquièrent telles ou telles qualités ; et c’est ainsi qu’on peut améliorer une race ou plutôt créer une race nouvelle. Quant aux modifications qu’on dit avoir constatées dans la descendance d’animaux acclimatés, nous croyons que, s’il n’y a pas eu de croisemens voulus ou accidentels, elles sont beaucoup plus apparentes que réelles, n’atteignent que la superficie du corps, la longueur et la couleur des poils et ne vont pas au-delà de la couche de graisse qui disparaît vite dès que les animaux sortant des herbages sont assujettis au travail. Il ne faut pas oublier, lorsqu’il s’agit de chevaux, qu’après deux ou trois années passées dans les prairies, années pendant lesquelles il est d’ailleurs facile de suppléer dans un sens ou dans un autre à l’insuffisance, comme quantité ou comme qualité, de la nourriture que les animaux trouvent sur le sol, l’alimentation à l’écurie, l’exercice, les soins de l’homme, qui sont à peu près les mêmes partout, exercent une influence capable d’amoindrir considérablement et même de neutraliser celle du sol et du climat.

Pour nous, la conformation et les aptitudes physiques sont toujours données par l’étalon et par la jument et se transmettent d’une manière constante selon les lois de l’hérédité et de l’atavisme ; le sol et le climat n’ont qu’une influence très secondaire, bien moindre même que celle de l’alimentation, et nous n’admettons pas que, dans l’étendue surtout d’un pays comme la France, les différences de sol et de climat puissent être assez sensibles pour dominer l’influence du père et de la mère et modifier chez les produits autre chose que le tempérament et l’état de santé. Il est pour nous hors de doute qu’avec des soins intelligens on peut élever en France, partout où l’herbe pousse, le cheval de pur-sang, le cheval de demi-sang et le cheval de trait sans qu’aucun d’eux perde les qualités qu’il doit à ses ancêtres. Nous pouvons affirmer que tous les chevaux de ces trois types dont l’origine nous a été déclarée et qu’il nous a été donné d’observer dans les concours et chez les propriétaires sur