Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 111.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fondait à Adélaïde un établissement qui après maintes vicissitudes est devenu la colonie de South-Australia ; c’est la seule province de l’Australie continentale qui ne doive pas son origine à l’application ou l’extension du système de la colonisation pénale. Enfin, en 1838, sur la rumeur que le gouvernement français avait envoyé une expédition pour occuper la Nouvelle-Zélande, le gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud, sir George Gipps, dépêcha un navire de guerre pour prendre, au nom de la reine Victoria, possession de cet admirable archipel, devançant ainsi de quelques jours à peine l’arrivée de l’expédition française.


III

L’empire colonial britannique s’était ainsi développé et étendu sur toute cette partie du monde austral, et l’immense territoire du continent australien lui-même, attaqué à la fois sur tous les principaux points du périmètre de ses côtes, livrait peu à peu ses secrets aux persistantes recherches de l’homme blanc. L’élément colonisateur libre, auquel chaque année apportait des renforts considérables, prenait de jour en jour une importance plus grande, et influençait de plus en plus la politique du pays. Déjà trois fois plus nombreux que les transportés, possédant entre leurs mains les finances, le commerce et la propriété territoriale, les colons libres ne pouvaient continuera vivre sous un régime politique créé pour un établissement pénitentiaire, et sous des lois qui entravaient constamment leur liberté d’action en les mettant en conflits journaliers avec une autorité habituée à un système d’administration très arbitraire. L’année 1825 fut le point de départ d’une agitation politique en faveur d’un régime de gouvernement plus en harmonie avec les nouvelles conditions du sein desquelles émergeait la société coloniale. Dès lors, tout émigrant nouvellement débarqué devint une unité de plus, dévouée dès le principe à la cause de l’émancipation politique et du gouvernement de la colonie par les colons eux-mêmes, sous l’égide et la protection du gouvernement métropolitain sans doute, mais non plus sous sa direction immédiate, à laquelle l’élément de responsabilité vis-à-vis de leurs administrés qui seuls contribuaient au maintien matériel de l’autorité impériale, manquait trop complètement. Vers cette époque, l’Angleterre était en proie à une sérieuse agitation politique en faveur de l’émancipation d’une démocratie jusqu’alors sans voix au conseil de la nation, et un certain nombre d’esprits, entraînés par l’enthousiasme de la jeunesse, s’étaient vus forcés de tourner leurs regards vers d’autres pays où un état social nouveau en voie de