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faire passer dans sa politique de tous les jours tout ce qu’il a dit l’été dernier dans ses excursions de propagande à travers les Balkans. Il aurait pour le moment, s’il le voulait, assez à faire d’entreprendre ce qu’il a si vivement reproché à M. Delyannis de n’avoir pas réalisé. Il a avant tout à réorganiser sérieusement les finances de la Grèce. C’est l’affaire du présent ; le reste est un avenir peut-être chimérique !


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La rente française, établie à 98 francs dès le milieu du mois, s’est maintenue pendant les deux dernières semaines à ce niveau si élevé, et ne l’a même pas perdu sur le vote de l’amendement Siegfried par la chambre des députés. La chambre discute depuis le 21 mai le rapport de M. Aynard sur l’organisation des caisses d’épargne. Après un débat général qui semble trop clairement prouver que la chambre n’a pas conscience de la gravité des questions que le projet de loi soumet à son examen, elle a rivé plus étroitement que jamais la chaîne qui lie les caisses d’épargne à la Caisse des dépôts et consignations et décidé que cette dernière aura seule la disposition de la totalité des épargnes drainées par les caisses dans toute la France.

Ce point résolu, il s’agissait de décider si la Caisse des dépôts et consignations, qui détient déjà un portefeuille de 3,600 millions où les rentes françaises figurent pour la presque totalité de cette somme, devra désormais n’acheter toujours que des rentes, ou s’il convient, au contraire, d’élargir dans une certaine mesure le champ des placemens qu’il lui sera permis d’opérer. La commission proposait l’emploi facultatif des fonds en obligations foncières et communales du Crédit foncier et en obligations « négociables » des départemens, communes et chambres de commerce. M. Siegfried a demandé la suppression du mot « négociables, » changement insignifiant en apparence, très grave en réalité, car il impliquait la possibilité pour les départemens, communes et chambres de commerce, d’obtenir directement de la Caisse des dépôts des prêts dont les fonds seraient prélevés sur l’énorme réservoir des caisses d’épargne.

M. Rouvier et M. Christophle ont soutenu devant la commission, qui leur a donné gain de cause, l’intérêt du Crédit foncier dont la