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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 111.djvu/914

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quelconque ayant pour but de soulager la mémoire. Voici comment M. Inaudi procède en général dans ses exercices. D’abord, quand on lui pose un problème de vive voix, il écoute attentivement la donnée, il la répète lui-même, en articulant nettement, pour bien la graver dans son esprit ; s’il ne l’a pas comprise, il la fait répéter. On peut lui communiquer le problème par écrit, mais il préfère le recevoir par l’audition, et du reste, si on le force à le lire, il l’énonce à voix basse. Quand il a bien saisi la question posée, il dit : « Je commence, » et il se met à chuchoter très rapidement ; c’est un murmure indistinct, dans lequel on peut saisir, de temps en temps, quelques noms de chiffres. Alors, rien ne peut l’émouvoir ni le distraire ; il fait au milieu du tumulte des représentations publiques les opérations les plus complexes ; bien plus, il peut parler pendant qu’il travaille mentalement ; il répond avec à-propos à des questions, soutient même une conversation régulière, sans que ses opérations d’arithmétique soient troublées ; le calcul devient seulement un peu plus long. Pendant ses exercices, on le voit parfois porter la main sur son front, ou fermer les poings, ou tracer avec l’index de la main droite dans la paume de la main gauche des lignes imaginaires ; ce sont de simples tics, sans importance, variant du reste beaucoup d’un jour à l’autre. Enfin, au bout d’un temps toujours très court, il dit : « J’ai fini. » Il énonce la solution, et pour sa satisfaction personnelle, il fait la preuve.

Dans ses exercices de calcul mental, M. Inaudi est remarquable à deux points de vue : par la complexité du problème qu’il résout, et aussi, mais à un degré moindre, par la rapidité avec laquelle il trouve la solution. En effet, la plupart des questions qu’on lui pose mettent en mouvement un nombre de chiffres considérable ; il peut additionner de tête deux nombres composés chacun de douze chiffres ; il multiplie l’un par l’autre des nombres composés de huit à dix chiffres ; il dit ce qu’il y a de secondes dans un nombre arbitrairement choisi d’années, de mois, de jours et d’heures. Ces opérations exigent, pour être conduites à bien, que le sujet conserve dans sa mémoire la donnée du problème et ses solutions partielles jusqu’au moment où la solution définitive est trouvée. Pour un travail aussi considérable, M. Inaudi, a-t-on dit, un temps extrêmement court, si court même qu’on a parfois l’illusion de l’instantanéité. Voici ce qu’on publie à ce sujet : « Il additionne, en quelques secondes, sept nombres de huit à dix chiffres. Il termine une soustraction de deux nombres de vingt et un chiffres en quelques minutes à peine, trouve aussi rapidement la racine carrée, la racine cubique d’un nombre de