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sont encore à leur politique de fanatisme étroit et d’exclusion. Oui, comment cela peut-il se faire ? Comment s’expliquent ces contradictions !

Comment cela se fait-il ? C’est tout simplement que, lorsqu’on parle à Nancy ou ailleurs, dans d’autres provinces, d’union, de libéralisme, de tolérance, on a laissé à Paris le langage des partis : on est sous l’influence de cette masse nationale vivante et saine au milieu de laquelle on se retrouve ; on est plus près du pays, du vrai pays, qui, lui, en immense majorité, n’est ni fanatique, ni sectaire. Et qu’on ne dise pas que le pays s’est prononcé pour la politique de parti en votant aux dernières élections pour les républicains. Eh ! sans doute il a voté et votera probablement encore pour des républicains, parce qu’en réalité il a accepté la république sans subterfuge, sans arrière-pensée, comme le souverain pontife lui-même conseille aux catholiques de l’accepter. Il ne reste pas moins ce qu’il est, sensé, laborieux, paisible d’instincts et de mœurs, étranger aux subtilités des partis comme aux utopies révolutionnaires, et ceux qui s’approchent de lui sentent aussitôt que le langage le mieux fait pour lui plaire, pour le conquérir, est le langage de la raison, du patriotisme et de la modération. Que les partis extrêmes s’efforcent de l’agiter ou de l’abuser, de l’entraîner dans des réactions désormais sans issue ou dans des aventures révolutionnaires sans avenir, c’est possible. Entre les partis extrêmes, la vraie masse française se retrouve en toute occasion, et c’est justement la moralité de ce dernier voyage de M. le président de la république d’avoir montré qu’à travers toutes les agitations factices il y toujours une nation sensée, virile, confiante, faite pour mériter les sympathies et garder son rôle dans le monde.

S’il y a des fêtes, des entrevues en France, il y en a aussi depuis quelque temps et de toute sorte en Europe. Les fêtes, les visites princières, les voyages des souverains se multiplient. Après cela, on en conviendra, il y a fêtes et fêtes, entrevues et entrevues. Les fêtes récentes de Copenhague ont, dans ce mouvement des choses du jour, une sorte d’originalité touchante. Le roi Christian a pu célébrer, il y a quelques années, le vingt-cinquième anniversaire de son avènement au trône ; il vient de célébrer ses « noces d’or, » l’anniversaire de son mariage avec la reine Louise. Tout est simple et cordial dans ces fêtes royales et populaires. Le vieux roi Christian a les mœurs patriarcales, il vit familièrement avec son peuple. Il a de plus la fortune d’être l’allié des plus grandes couronnes ; il a donné une tsarine à la Russie, une princesse de Galles à l’Angleterre, un roi à la Grèce. Il a eu, il y a peu d’années encore, des démêlés avec son parlement ; l’esprit de modération et de conciliation a eu raison de tout, et il n’est resté entre le souverain et le peuple danois qu’une vieille affection, que les dernières fêtes viennent de raviver. Et l’empereur François-Joseph,