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costume seul a vieilli, que nous avons grand plaisir à retrouver. Dans son récent Portrait de Mme W. R.., M. Stevens montre qu’il possède encore, à un degré rare, le sentiment des harmonies délicates entre les toilettes élégantes, les fines carnations, les ameublemens de choix. De plus, M. Stevens a donné à la France un fils, M. Léopold Stevens, qui semble avoir hérité les dons pittoresques de toute la famille, et dont plusieurs études en Bretagne (la Petite fille à la paille) sont traitées avec une vérité et une recherche déjà remarquables. La plupart des autres peintres de portraits ou de genre, venant de l’étranger, sont également connus ; c’est, pour les portraits, les Américains, M. Sargent, avec une étude espagnole, la Carmencita, et Mme Lee-Robbins, avec son propre portrait, tous deux, on le sait, fortement influencés par M. Carolus Duran ; les Italiens, M. Boldini, avec deux portraits, une dame et une petite fille, dans cette manière incisive, minaudière, provocante, qui lui est propre, et M. Tofano avec deux œuvres moins voyantes, mais intéressantes, Portraits de Mme J. S… et de Mlle C ; le Suédois, M. Edelfelt ; les Suissesses, Mlles Breslau et Roederstein ; pour les scènes de genre populaire, M. Kuehl, de Munich, M. Liebermann, de Berlin, M. Israels, de Hollande, qui, cette année, changeant sa manière sombre et triste, devenue un peu confuse et lourde en ces derniers temps, nous donne dans ses Soins maternels un échantillon gai et clair de son observation si juste et si sensible ; M. Melchers, des États-Unis, avec ses Mariés et son Dimanche des Rameaux ; M. Gronvöld, de Norvège, avec une remarquable étude de paysan, le Pain quotidien, etc.

Un grand nombre des peintres précédens, français ou étrangers, joignent à leurs portraits ou leurs études d’intérieurs, des études de paysage. Ici, en effet, autant et plus encore qu’aux Champs-Elysées, la pensée de la campagne, du plein air, des jeux de la lumière et de l’ombre domine toutes les imaginations. Seulement, tandis qu’aux Champs-Elysées nous avons pu remarquer dans cette catégorie un certain nombre d’œuvres importantes, étudiées à fond, poussées à bout, ici nous ne trouvons, en général, que des collections d’études rapides ou inachevées, de préparations plutôt que de réalisations, de promesses plutôt que de résultats. Il faut faire exception pour certaines petites toiles où M. Billotte étudie toujours, avec plus de précision et le même sens poétique, la banlieue de Paris ; où M. Boudin, passant du nord au midi, de l’océan à la Méditerranée, apporte, dans ses marines de la côte de Nice, son goût si net et si vif des fins accens de couleur ; où M. Courant montre de nouveau sa connaissance de la mer normande, et pour quelques autres de MM. Iwill, Costeau, Binet, où l’on