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LES PHOSPHATES DANS L’AGRICULTURE


ralentie, car la découverte récente des phosphates arénacés a attiré vers ces derniers produits, d’une richesse plus grande et d’une extraction plus facile, l’attention des industriels et des spéculateurs. Ce n’est là cependant, pensons-nous, qu’un mouvement de courte durée ; les gisemens des phosphates arénacés n’ont pas l’importance de ceux des grès verts, de la gaize et du lias, qui sont les grands réservoirs de l’acide phosphorique et dont l’exploitation redeviendra tôt ou tard plus active, pour fournir aux besoins de l’agriculture, qui consomme d’année en année de plus grandes quantités de cette substance fertilisante.

On rencontre encore les phosphates naturels sous la forme de phosphorites, consistant en masses mamelonnées de couches concentriques et qui font l’objet d’exploitations importantes dans les départemens du Tarn-et-Garonne, du Lot, de l’Aveyron, du Gard ; elles sont de richesse variable, atteignant parfois la proportion élevée de 35 pour 100 d’acide phosphorique ; elles sont alors de préférence employées pour la production des superphosphates ; les minerais qu’on emploie à l’état naturel ne contiennent ordinairement que 15 à 20 pour 100 d’acide phosphorique.

L’exploitation des phosphates du Gard a été menée très activement à Lirac et à Tavel (étage néocomien) ; ces gisemens, à minerais riches, sont bien placés pour alimenter l’agriculture du Midi ; quant aux carrières du Lot (étage oolithique) qui fournissaient à tout le sud-ouest de la France et à l’Angleterre, leur prospérité a décliné, par suite de l’épuisement des minerais riches autant que par suite de la concurrence des phosphates arénacés. Il n’en est pas moins vrai que tous les gîtes que nous venons de citer renferment encore d’énormes quantités d’acide phosphorique qui ne disparaîtront pas et qu’on saura extraire du sol, lorsque les besoins de l’agriculture l’exigeront.

En ce moment, l’activité des phosphatiers s’est surtout portée sur les gisemens des craies et sables arénacés récemment découverts dans les départemens du nord de la France.

En raison de l’importance de ces derniers gisemens, de l’étendue qu’ils occupent, de l’influence qu’ils ont eue sur le marché des phosphates, et enfin de la date récente de leur exploitation, nous les examinerons avec plus de détails.

Les sables et craies phosphatés sont situés dans l’étage sénonien du terrain crétacé et groupés en des points très rapprochés dans les départemens de la Somme, de l’Oise, du Pas-de-Calais, du Nord ; ils sont désignés sous le nom général de phosphates de la Somme. Les gisemens sont formés principalement par une sorte de craie ne contenant que des quantités assez faibles d’acide phos-