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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 112.djvu/951

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août.

Il ne faut sans doute rien exagérer. Parce qu’il y a eu l’autre jour près de quinze cents élections de conseillers-généraux dans nos modestes cantons de France, la marche du monde n’en sera sûrement pas changée. Le nombre des scrutins ouverts à la fois dans toutes les régions du pays ne fait rien à l’affaire. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler un événement de premier ordre, encore moins une crise. L’agitation, si agitation il y a eu, est restée limitée et locale, sans perdre un instant le caractère et l’apparence de la plus paisible des manifestations publiques. Tout s’est passé sans trouble extérieur, sans grande animation d’opinion et a uni par un déplacement plus ou moins sensible de voix qui n’avait peut-être lui-même rien d’imprévu. En un mot, ces assemblées de départemens qui viennent d’être élues restent ce qu’elles sont, la modeste et sincère représentation des intérêts locaux, des vœux et des sentimens les plus simples du pays.

Ce n’est pas cependant que les simples élections des conseils-généraux accomplies en pleine paix ne soient qu’un incident banal, dénué de toute signification dans les circonstances où nous sommes. Elles ont, au contraire, leur signification et leur caractère. Sans être précisément politiques, elles ont, à n’en pas douter, un intérêt politique. Elles se lient intimement à toute une situation, à cet état de transition qui se manifeste sous toutes les formes, qui a encore de la peine à se fixer et ne reste pas moins le phénomène le plus caractéristique du jour. Elles concordent par leurs résultats avec le mouvement qui, depuis quelque temps, par une sorte de force des choses, sous la pression d’une multitude de circonstances, va vers la république. Les bulletins officiels ne donnent que des chiffres artificiellement groupés, les commentaires intéressés des partis n’expriment que des passions, des illusions ou des regrets. Vues en elles-mêmes dans leur ensemble ;