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LA
PLUIE ARTIFICIELLE


I.

Partie des rives de l’Atlantique, la civilisation a gagné progressivement l’intérieur des États-Unis. Au début, — c’était hier encore, — la population était relativement peu nombreuse, et pas n’était besoin d’aller bien loin pour trouver des terres où s’installer. Les grandes vallées du Centre et du Sud, en particulier, offrirent l’hospitalité à de nombreux immigrans, nationaux ou étrangers, en quête d’une situation sociale. Mais le courant avait beau se déverser sur de larges espaces, il ne perdait guère de sa force ; l’invasion continuait régulièrement, et il fallait aller plus loin pour rencontrer des terres libres. On n’y perdait pas toujours, au contraire : les terres les plus fertiles n’étaient pas nécessairement les plus rapprochées de la côte orientale, et la Californie ne fit pas de mécontens. Vint un moment, pourtant, où la plupart des régions favorisées du climat furent occupées, et les nouveaux-venus ne surent trop où se nicher. Il y avait bien dans le Nébraska, le Kansas, le Dakota, le Wyoming, Montana, le Texas, des étendues énormes, mais personne n’en voulait. Les hauts plateaux et les plaines des