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dans l’atmosphère, se refroidit, en se dilatant en raison de la moindre pression, il se forme du brouillard ou un nuage, et il est reconnu que la présence de fumée, — c’est-à-dire de poussières atmosphériques, — facilite grandement cette formation. Cela est d’autant plus vraisemblable que les poussières se refroidissent plus vite que l’air, et de la sorte la condensation de la vapeur autour des poussières est facilitée, car elle ne peut s’opérer que par un refroidissement. Il faut donc, pour que de la pluie se forme, qu’un air renfermant de la vapeur d’eau se refroidisse, et c’est ce qu’il fait simplement en s’élevant, car alors il se dilate et perd de la chaleur. Un coup de canon, ou l’explosion d’une charge de dynamite, peuvent-ils amener cette dilatation ou ce refroidissement ? On ne voit pas par quel mécanisme l’un ou l’autre pourraient avoir lieu : car, au lieu du refroidissement ou de la dilatation de l’air par l’explosion, il ne peut se produire qu’un échauffement et une compression momentanés. Il faut donc interpréter les résultats des expériences du général américain de façon toute différente de celle qu’il propose. Le son n’a rien à faire ici, pas plus que le tonnerre ne détermine la chute de la pluie : le tonnerre accompagne la formation, ou les premières phases de la formation de la pluie, comme l’a dit sir John Herschel, au lieu de la précéder ; et il faut croire plutôt que les explosions de dynamite, de poudre et de ballons agissent de façon complexe, peut-être en agitant l’atmosphère, et par conséquent en facilitant le refroidissement des parties relativement basses qui peuvent être chassées plus haut, où elles se dilatent et se refroidissent ; en augmentant la quantité de vapeur d’eau, — car l’explosion des ballons d’hydrogène et d’oxygène détermine une production d’eau ; — et enfin, en augmentant énormément le nombre des poussières, lesquelles, en se refroidissant beaucoup plus vite que l’air, forment autant de noyaux qui sollicitent la condensation de la vapeur d’eau atmosphérique. Quant à une influence du son, en tant que son, elle est des plus improbables.

L’opinion du général Dyrenforth nous parait donc insoutenable ; son interprétation des résultats obtenus inexacte.

J’ajouterai que l’idée fondamentale de ses expériences n’est pas de lui, tant s’en faut.

L’idée de provoquer la formation artificielle de la pluie est sans doute très ancienne, et on a souvent répété, en particulier, que dans les villages de France, autrefois, il y avait un canon que l’on faisait partir quand passaient des nuages d’orage, dans l’espoir de provoquer la chute de la pluie. La fréquence des pluies après les grandes batailles, et en particulier les batailles modernes, avec