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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.

Allons, c’est entendu, la France ne s’ennuiera pas ; elle a son programme de distractions d’automne, sa provision assurée de cérémonies, d’anniversaires, d’inaugurations de statues ou de monumens, de congrès et de matière à discours de circonstance. Elle en est comblée et accablée ! Tous les événemens d’autrefois ont leur commémoration ; tout le monde a son effigie, bronze ou marbre, inaugurée avec la pompe voulue dans quelque coin de province. Chaque ville, presque chaque village a son illustration à mettre au jour et tient à avoir son ministre à la cérémonie. Enfin tout est occasion de fêtes, de rassemblemens, de feux d’artifice, de banquets, de bulletins, — et les voyages de M. le président de la république, et les honneurs rendus à quelque vieux génie du passé ou à quelque contemporain d’une renommée douteuse, et les revues, et les manœuvres militaires qu’on suit toujours avec passion, dont on se fait un spectacle. On se divertit comme on peut, et tandis qu’on inaugure ou qu’on pérore, tandis que les musiques jouent leurs fanfares dans les fêtes, les problèmes qui occupent le monde ne cessent pas d’être une pénible obsession. Les congrès socialistes poursuivent leur dangereuse besogne. Les agitateurs affairés soufflent le feu et se font un triste plaisir d’alimenter ou d’irriter les grèves infécondes. Les fléaux à leur tour se mettent de la partie et parcourent ou menacent l’Europe. C’est la vie avec ses éternels contrastes !

Après cela, même dans cette histoire des jours fugitifs d’automne où tout se mêle, même dans ces spectacles et ces diversions qui font parfois oublier les choses sérieuses de la vie d’un pays, on peut encore distinguer ; il y a certainement fêtes et fêtes. Il y a les fêtes banales qui ne sont que pour le plaisir, pour l’amour-propre local ou pour la vanité : représentations éphémères qui ne répondent à rien, si ce n’est à un besoin un peu puéril de se réunir pour prononcer des