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qu’elle joue cependant un certain rôle dans les actes de l’animal et qu’il faut distinguer les résistances morales ou volontaires de celles qui sont involontaires et occasionnées uniquement par une incapacité physique ou par un manque de dressage.

Le baron de Curnieu fit paraître aussi un ouvrage très estimé intitulé Leçons de science hippique générale, ou traité complet de l’art de connaître, de gouverner et d’élever le cheval.

En 1864, le commandant L’Hotte fut nommé écuyer en chef à l’école de cavalerie où il resta jusqu’en 1870. Nature ardente, âme d’artiste, il s’enthousiasma, je crois, un peu trop pour le grand talent de Baucher avec qui il s’était lié ; mais il reconnut toujours que la haute école ne doit être le partage que de quelques écuyers d’élite et que l’équitation militaire doit être « en avant. » Ses leçons au manège étaient fort goûtées. Il ne faut sans doute pas désespérer que le général L’Hotte, aujourd’hui en retraite, et dont l’habileté comme écuyer égale le grand savoir, nous donne un jour une méthode qui ne pourra manquer d’être universellement appréciée.

Après la guerre, le commandant de Lignières prit le commandement du manège de Saumur. Aimant beaucoup lui-même l’équitation de course et d’obstacles, il en inspira le goût immodéré aux officiers sous ses ordres et, le premier, je crois, introduisit à l’école cette opinion qu’il y a deux manières différentes de monter : l’une, au manège, avec le mors de bride seul, l’autre dehors avec les étriers courts. Ne faut-il pas, au contraire, que le cavalier, une fois en selle, puisse, sans rien changer à sa tenue ni à son harnachement, faire une course, suivre une chasse, ou exécuter un travail d’école ?

Le commandant Dutilh, qui succéda à M. de Lignières, fut, de l’avis de tous ses élèves, un très bon professeur. Il ne laissa toutefois, comme enseignement écrit, qu’une courte brochure sur laquelle il y aurait beaucoup à dire. Même dans le développement de cette méthode, que publia plus tard avec beaucoup de soin le capitaine Sieyès, on ne voit guère qu’une application des méthodes précédentes. Le commandant Dutilh avait un faible pour le pelham[1] et recommandait les fréquentes descentes de main. Aussi ses chevaux avaient-ils l’encolure allongée et la tête plutôt basse.

En 1876, on publia un nouveau Règlement sur les exercices de la cavalerie, dont les parties consacrées à l’équitation ne constituent pas un progrès et laissent fort à désirer au point de vue de la rédaction, en ce sens surtout que, beaucoup trop abrégé et laissant

  1. Sorte de mors qui tient le milieu entre le filet et le mors de bride.