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de 36 votes électoraux, la Pensylvanie de 32, l’Illinois de 24, l’Ohio de 23 ; d’autres, comme le Missouri, de 17, le Texas, l’Indiana et le Massachusetts de 15 ; d’autres enfin de 9, de 6 et de 3. Dans la plupart de ces États, les forces respectives des républicains et des démocrates se balancent ; quelques-uns sont notoirement inféodés à l’un ou à l’autre parti. Dans ces derniers la lutte est à peu près nominale, le vote est acquis d’avance, et l’œuvre du comité du parti dominant se borne à tenir en échec le comité rival dont l’unique but est, non de déplacer un vote certain, mais de grossir les chiffres de sa minorité en vue de l’avenir, et de battre en brèche la prépondérance de ses adversaires.

Dans les États douteux il n’en va pas ainsi. Un déplacement de quelques milliers de voix peut entraîner le déplacement de 30, 25, 20 votes électoraux et décider du succès de la campagne. Tel est le cas actuellement pour l’Illinois, où les comités d’Harrison et de Cleveland se disputent avec acharnement les votes électoraux dont cet État dispose. Depuis douze années, la majorité républicaine y perd du terrain, la minorité démocratique en gagne. En 1880, la majorité républicaine se chiffrait par 40,000 voix ; elle n’était plus que de 25,122 en 1884, de 22,190 en 1888. Or, depuis 1888, le nombre des électeurs s’est accru ; de 747,000 il s’est élevé à près de 800,000, dont bon nombre d’Allemands luthériens et de Suédois naturalisés, adhérens du parti démocratique. Aussi l’Illinois est-il considéré par les républicains comme un État très douteux, par les démocrates comme un État d’une conquête possible et probable.

Ici, la tâche des comités d’États devient singulièrement complexe. Elle l’est d’autant plus que l’Illinois est tenu pour la clé de voûte de ce qu’on appelle les « vieux États du nord-ouest ; » ils sont au nombre de cinq : Illinois, Indiana, Michigan, Wisconsin et Iowa. Chicago est leur capitale politique. En 1888, ces cinq États ont encore tous voté pour le candidat républicain, mais lui ont donné des majorités assez faibles ; dans l’Indiana, sur 536,949 votes, cette majorité n’était plus que de 2,348. Leur défection assurerait le triomphe du parti démocratique, et c’est à déterminer cette défection que vont tendre tous ses efforts.

Cette œuvre incombe aux comités locaux, qui sont aux comités d’États ce que ceux-ci sont au comité central. Ils reçoivent de leur comité d’État l’impulsion, le mot d’ordre, les fonds dont ils ont besoin, les renforts qui leur sont nécessaires. Cette impulsion, ce mot d’ordre, le comité d’État les reçoit lui-même du comité central ; les fonds proviennent de la caisse générale et de la caisse spéciale à l’État ; les renforts consistent en orateurs populaires, en