blanc. L’opération était simple et facile, elle ne faisait courir aucun risque, donnait un bénéfice suffisant et, enfin, pouvait se renouveler indéfiniment. L’or américain, dans la mesure que permettait le commerce encore assez restreint de la confédération, commença donc à s’écouler graduellement vers l’Europe. On s’aperçut de sa raréfaction aux difficultés qu’on éprouvait à en trouver pour faire face aux paiemens stipulés exigibles en or. On renversa alors le courant monétaire ; on abaissa à 900 millièmes de fin le titre des pièces d’or et, à l’imitation du Mexique et des autres républiques espagnoles, on adopta pour l’or et l’argent le rapport de 1 à 15.98. Il devint immédiatement possible, avec une once d’or, d’obtenir aux États-Unis 0 fr. 48 d’argent de plus qu’en Europe et, cette fois, ce fut l’argent américain qui prit avec rapidité le chemin de l’ancien monde. La guerre de la sécession mit fin à ces fluctuations dans le rapport des deux métaux précieux en les balayant tous les deux de la circulation. Le paiement des droits de douane en faisait seul apparaître de faibles quantités, qui reprenaient immédiatement le chemin de l’Europe, pour l’acquit des coupons de la dette fédérale.
Lorsque la situation commença à s’éclaircir et qu’on songea à reprendre les erremens du commerce régulier, les chefs du parti républicain, qui détenait alors le pouvoir, les présidens Grant et Hayes, le ministre des finances Sherman et ses premiers successeurs, MM. Fairchild, Manning et quelques autres qui avaient joué un rôle considérable pendant la guerre civile, s’appuyèrent sur le résultat des conférences auxquelles les États-Unis avaient pris part en 1867 et 1868, et sur l’exemple donné par l’Allemagne, pour recommander une prompte reprise des paiemens en espèces, le retrait du papier-monnaie et un retour à l’étalon d’or.
Ils obtinrent sur ce dernier point une victoire éphémère, et qui ne pouvait avoir de conséquences appréciables tant que le cours forcé du papier était maintenu. Ils tournèrent leurs efforts de ce-côté ; ils firent fixer au 1er janvier 1879 le terme du cours forcé et la reprise des paiemens en numéraire. Si les États-Unis avaient apporté au retrait du papier-monnaie la même énergie qu’à l’amortissement de leur dette et avaient appliqué à cette œuvre utile et honnête les immenses ressources que leur fournissait leur tarif de douanes, cette date du 1er janvier 1879 aurait pu être devancée, mais dans l’intervalle de nouveaux intérêts s’étaient créés et avaient grandi, qui tinrent en échec tous les efforts du gouvernement. Les États de l’Ouest regorgeaient de papier-monnaie, et les habitans de cette région ne tenaient pas compte de la dépréciation de 50 pour 100 et plus que subissait ce papier ; ils ne voyaient que le prix nominal auquel les denrées et les salaires étaient payés