sur ses opinions personnelles. « Pour que le métal argent, dit-il, retrouve son ancienne valeur, il est indispensable qu’il soit, comme par le passé, librement monnayé à côté de l’or. Et comme aucun État ne veut et ne peut être seul à reprendre le monnayage, il est absolument certain qu’on ne sortira des difficultés actuelles qu’autant qu’une convention bimétallique et internationale sera conclue. Nous espérons que des discussions qui auront lieu dans cette assemblée jaillira la lumière ; nous espérons qu’il sera démontré et par les données de la théorie et par celles de l’expérience que le bimétallisme international est le seul système qui puisse ramener la régularité monétaire dans toutes les parties du monde. » Ce qui n’était pas moins significatif que le langage du ministre, c’était le choix des délégués français, MM. J.-B. Dumas, Denormandie et Cernuschi, tous connus comme favorables au bimétallisme. Le nom de M. Cernuschi était, à lui seul, un programme.
L’action de la France devait donc s’exercer, au sein de la conférence, en faveur d’un retour au monnayage de l’argent ; mais serait-elle suffisante ? Plusieurs États, en acceptant de prendre part à la conférence, avaient formulé des réserves, dont acte leur avait été donné. Les instructions du gouvernement anglais à son délégué portaient qu’il devait se limiter à fournir à la conférence les renseignemens qui lui seraient demandés sur les lois et le système monétaires de l’Angleterre, mais qu’il devait s’abstenir de prendre part à la discussion sur le fond. Ce délégué se conforma strictement à ces instructions. Il se borna à exprimer des vœux pour la réhabilitation de l’argent dont la dépréciation causait de sérieux dommages au gouvernement de l’Inde, mais il s’empressa d’ajouter que, « nonobstant, le royaume-uni ne changerait rien à son système monétaire et garderait résolument l’étalon d’or. « Il en donna pour raison qu’il y avait plus de soixante ans que le système monétaire du royaume-uni reposait sur l’or comme étalon unique, que « ce système avait satisfait à tous les besoins du pays sans donner lieu aux inconvéniens qui s’étaient manifestés ailleurs ; que, par ces raisons mêmes, il était accepté par tous les partis et par la nation, et que le gouvernement de Sa Majesté ne pouvait participer à la conférence comme soutenant le double étalon. » Cette déclaration seule devait ôter tout espoir aux promoteurs de la conférence ; mais elle ne demeura pas isolée. « Nous reconnaissons, dit le baron de Thielmann, délégué de l’Allemagne, qu’une réhabilitation de l’argent est à désirer, qu’on pourrait, par le rétablissement du libre monnayage de l’argent dans un certain nombre des États les plus populeux représentés à cette conférence, arriver à ce résultat. Néanmoins, l’Allemagne, dont la réforme monétaire se trouve déjà si avancée, et que la situation générale ne semble pas inviter à un