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L'ELOQUENCE SACRÉE
AU MOYEN AGE

I. La Chaire française au XIIe siècle, d’après les manuscrits, par l’abbé L. Bourgain ; Paris, 1879. — II. La Chaire française au moyen âge, spécialement au XIIIe siècle, par A. Lecoy de La Marche ; Paris, 1886. — III. Histoire littéraire de la France, t. XXXI. — IV. B. Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale ; Paris, 1890-92, 5 vol. — V. The Exempta of Jacques de Vitri, publiés par Th-Fr. Crâne ; Londres, 1890.

La littérature latine du moyen âge a été dédaignée, en bloc, pendant longtemps, comme barbare au point de vue de la forme et vide au point de vue du fond. C’est que, pendant longtemps, on n’a pas eu le courage de la lire. Les hommes de la renaissance, qui la connaissaient bien, l’ont beaucoup goûtée, en ce qu’elle a de louable ; et l’on n’est pas médiocrement surpris de constater la vogue, attestée par une foule d’éditions incunables, dont les écrivains latins, contemporains de saint Bernard, jouirent auprès des contemporains lettrés de Léon X. Il y eut, au XVIe siècle, une très remarquable survivance de l’art et de la littérature du moyen âge. Cependant, la face du monde s’étant renouvelée, ces choses du passé tombèrent peu à peu dans un profond discrédit. On continua de chanter dans les églises les hymnes d’autrefois ; les théologiens feuilletèrent encore les sommes scolastiques ; des moines érudits déchiffrèrent encore de temps en temps, dans les manuscrits de leurs bibliothèques conventuelles, des chroniques et des poèmes jadis fameux ; mais le public n’y prit plus garde ; le moyen âge était mort ;