cette aggravation des charges militaires. C’est engager une grosse partie, plus grave même que celle où M. de Bismarck était réduit à faire jouer tous les ressorts pour conquérir le septennat !
Ce n’est pas tout. À ces discussions irritantes engagées autour d’une loi onéreuse pour le peuple allemand viennent se joindre aujourd’hui par surcroît les divulgations, les dénonciations de vieux abus, de corruptions clandestines, qui ont, à ce qu’il paraît bien, leur rôle en Allemagne comme en France. Il n’y a que quelques semaines, c’était le procès Ahlwardt qui dévoilait les mystères des marchés pour les approvisionnemens d’armes, et il y a même, à la suite de cette étrange affaire, un officier qui a été soumis à un conseil d’enquête. Maintenant, au premier jour de janvier, pour l’inauguration de l’année nouvelle, un journal socialiste, le Vorwœrts, vient de publier tout un ensemble de révélations sur l’emploi des « fonds guelfes, » sur des distributions d’argent à une série de plus de cent personnes, anciens ministres, généraux, fonctionnaires, membres du parlement. L’histoire n’était peut-être pas absolument inconnue : le grand distributeur, M. de Bismarck, surtout depuis sa disgrâce, avait fait plus d’une allusion à divers personnages ; on n’était jamais arrivé à cette précision et à ces détails. Comment ces listes des pensionnés du « fonds guelfe » se sont-elles trouvées dans les mains du journal socialiste ? Par où ont-elles passé avant de revenir là ? Ont-elles été détruites et n’en a-t-on qu’une copie ? Peu importe : elles ont existé, à ce qu’il paraît bien, et le « Moniteur de l’empire, » en prétendant contester ou expliquer ces faits déjà anciens, n’a réussi après tout qu’à en confirmer la réalité. Peut-être même a-t-il mis quelque malice dans ses explications qui n’expliquent rien sur les libéralités de l’ancien chancelier. Voilà dans tous les cas les biens de la couronne de Hanovre formant le fameux « fonds guelfe » qui ont servi à d’étranges usages’ La bruyante affaire de la dépêche d’Ems montrait récemment par quels artifices l’empire a été préparé ; les divulgations sur le « fonds guelfe » montrent comment il a été gouverné. Ce n’est peut-être pas fait pour relever la politique impériale, pour convertir l’opinion à la nécessité d’un accroissement des dépenses militaires.
Sans avoir de ces incidens, de ces diversions importunes, l’Autriche, pour sa part, n’est point sans avoir elle-même ses incohérences dans sa vie intérieure. On fêtait à Vienne, il n’y a que quelques semaines, le vingt-cinquième anniversaire de la constitution qui, avec de vieux élémens, a créé la monarchie austro-hongroise, une monarchie à deux têtes, ce qu’on a appelé et ce qu’on appelle encore le dualisme. Une mauvaise fortune a justement voulu qu’au moment où l’on fêtait cet anniversaire, il y eût dans les deux parties de l’empire, à Vienne comme à Pesth, des crises assez sérieuses, qui n’ont rien de nouveau peut-être, et n’en sont pas moins embarrassantes. La difficulté est