Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 115.djvu/486

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’a relevée à 60 francs. Le Portugais a oscillé de 21 1/2 à 22 1/2. Le gouvernement de Lisbonne déclare aujourd’hui définitive la réduction des deux tiers des coupons qui, jusqu’ici, n’était que provisoire. Le discours du trône lu aux Cortès le 2 janvier n’a touché qu’en termes très vagues à la question financière.

Le marché de Londres, après avoir pendant deux mois salué avec enthousiasme une espérance de relèvement financier dans la République Argentine, a été rendu à son ancien pessimisme par divers incidens, le singulier rapport du ministre des finances, M. Romero, sorte de programme officiel de répudiation des engagemens de la République, la démission de l’agent financier de l’État argentin à Londres, docteur Plaza, et l’insurrection de la province de Corrientes. Il est vrai que cette insurrection est aujourd’hui réprimée, et que le rapport de M. Romero n’est peut-être qu’un ballon d’essai.

Le dernier bilan de la Banque de France, publié jeudi 12, donne les chiffres suivans ; encaisse métallique, 2,958 millions ; billets au porteur en circulation, 3,473 millions. La loi du 30 janvier 1884 fixe à 3,500 millions la limite d’émission de ces billets. La limite était atteinte, à 27 millions près, au moment de l’établissement du bilan, et pouvait ou a dû l’être complètement quelques heures après. À cette situation singulière qui met la Banque dans l’impossibilité de donner des billets au public, le remède est bien simple : un projet de loi présenté par le ministre des finances à la chambre et voté d’urgence par le parlement, élevant à 4 milliards la limite d’émission. Le gouvernement hésite, l’opposition d’un collègue faisant échec au ministre des finances. Dès lors la Banque ne peut plus effectuer ses paiemens qu’en or ou en écus de 5 francs, ce qui peut devenir une gêne énorme pour les gros paiemens. Le public est officiellement prévenu qu’il en est ainsi depuis le 12 courant. Le Crédit foncier, très attaqué par un parti de baissiers, a fléchi de 995 à 890, mais s’est relevé à 950. Les obligations sont restées fermes. La Banque de Paris a reculé de 645 à 595 et finit à 620 ; le Comptoir national d’escompte, offert de 490 à 465, a repris à 486.25. Le Crédit lyonnais perd une vingtaine de francs à 736.25.

Le marché des actions de chemins de fer a été assez agité, mais les derniers cours ont effacé toute la baisse des journées précédentes. Le Suez a fait fort bonne contenance et, déduction faite du coupon, reste au niveau du dernier cours de compensation.

Les valeurs industrielles, Gaz, Omnibus, Voitures, Nickel, Forges et Aciéries du nord et de l’est, Chargeurs réunis, etc., ont déjà repris les cours qu’elles obtenaient avant la crise.


Le directeur-gérant : CH. BULOZ.