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certaine partie de l’Yémen ou Arabie-Heureuse avoisinant la Mer-Rouge. Au dire des historiens arabes, l’origine du nom de Samarkande proviendrait de celui du roi hémiarite Shamyr-Yourich, un roi quelque peu problématique et fabuleux, mais qui rachète ce défaut secondaire par sa noblesse, étant proche parent de la reine de Saba. Le principal titre que ce roi mythologique, appuyé sur la tradition musulmane, ait à ce parrainage, consiste en ce que, lors de la prise de la ville par les Arabes, événement dont la date incertaine est placée vers l’an 643 de notre ère, les conquérans trouvèrent, dit-on, encastrée dans l’une des portes de l’enceinte, une plaque de bronze chargée d’une inscription en caractères hémiarites, indiquant que ce point était distant de 1,000 parasanges (environ 8,000 kilomètres) de la résidence du suzerain du pays, le tobbai, demeurant à Sana, capitale de l’Yémen. Sana est, encore de nos jours, la capitale de l’Yémen. La longueur de la route qui, du fond de l’Asie centrale, y conduit, est assez difficile à évaluer, car il s’en faut de beaucoup que l’itinéraire soit en ligne droite, et il doit contourner des déserts, des montagnes et des mers. Toutefois, on peut admettre l’évaluation approximative de 8,000 kilomètres, en prenant pour base d’appréciation le chemin parcouru par les rares pèlerins qui, de Samarkande, vont à La Mecque. Mais la plaque de bronze a disparu, comme on devait s’y attendre.

Une autre étymologie également admissible et même, à notre avis, meilleure, est celle qui identifie le nom de Samarkande avec celui de Maracanda, que portait, au temps d’Alexandre le Grand, une ville située évidemment dans les mêmes parages, mais dont l’emplacement exact est loin d’être déterminé aujourd’hui avec certitude.

Enfin, à côté de ces étymologies de langues diverses, il en est encore une, moins bonne, croyons-nous, qui consiste à interpréter le nom de Samarkande comme une corruption de Chamar kient (Chamar la détruite), dénomination d’ailleurs facile à justifier surabondamment par les destructions réitérées qu’elle a subies.

Parmi toutes ces étymologies, c’est à Maracanda que nous donnerions la préférence, bien que l’identité d’emplacement ait fait, dans ces dernières années, en Allemagne surtout, l’objet de controverses qui ont laissé subsister sur ce point des doutes sérieux. Dans tous les cas, rien ne nous paraît moins prouvé que l’assertion péremptoire et un peu trop précise de certains historiens, d’après laquelle ce serait sur l’emplacement exact du Reghistan actuel qu’Alexandre aurait tué Clytus.

Il existe encore d’autres traditions et d’autres textes que ceux