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qui attribuent la fondation de la ville aux Assyriens, aux Grecs ou aux Arabes : ainsi l’historien Khondemir, de même que l’auteur du Leb-Tarikh, font remonter cette fondation à Kichtasp, roi de Perse de la dynastie des Caïanides, c’est-à-dire l’un de ceux que les Grecs ont appelés Achéménides.

Peut-être la ville existait-elle avant Alexandre, peut-être a-t-elle été construite par lui : ce qui est certain, c’est que, depuis son règne, après avoir appartenu successivement aux rois grecs de Bactriane, aux Parthes, puis aux Perses Sassanides, Samarkande était tombée aux mains des envahisseurs turcs venus de Mongolie au VIe siècle, lorsqu’elle fut prise par les Arabes et englobée dans la grande conquête islamique. Cet événement eut lieu vers la seconde moitié du VIIe siècle. Certains auteurs attribuent la prise de la ville à Saad-ibn-Abou-Ouakkas, et placent ce fait en 643, soit dès l’an 21 de l’hégire ; d’autres à Kassim-ibn-Abbas, d’autres enfin à Kateb-ben-Mostemah, et en reculent alors la date jusqu’en 85 de l’hégire, sous le règne de Valid Ier, sixième khalife de la dynastie des Ommiades.

À la fin du IXe siècle, Samarkande passa, comme tout le pays au-delà de l’Oxus, des mains débiles des khalifes d’alors à celles de la dynastie persane des Sassanides, dont plusieurs y placèrent le siège de leur gouvernement, et qui régnèrent pendant cent dix ans, jusqu’en 388 de l’hégire. À cette époque, elle devint successivement la proie des diverses tribus turques ; puis, tour à tour prise, ruinée et relevée de ses ruines, elle tomba enfin, au commencement du XIIIe siècle, sous la domination du terrible conquérant Mohammed-Kothbeddin ou Ala-ed-din, surnommé Khovaresin-Chah, sultan du Kharism, c’est-à-dire du pays actuel des Turkmènes-Khiviens, qui étendit en quelques années son empire de la Mer-Noire au Gange, et qui soumit la Transoxane entière, après avoir renversé, dans l’Inde, la dynastie des Gaurides. Mais cette domination fut éphémère : elle ne tarda pas à être ruinée de fond en comble par la grande invasion des Mongols de Dchinghiz-Khan. Après une résistance énergique, qui dura trois ans, Mohammed, traqué de province en province par les fils de Dchinghiz-Khan et surtout par l’un d’eux, Oktaï, son meilleur lieutenant, finit par périr dans une île de la mer Caspienne. Son fils Djellal-ed-din continua la lutte avec le même acharnement féroce, mais sans pouvoir empêcher la conquête mongole de s’accomplir. Battu par Dchinghiz-Khan, il fut forcé de chercher un refuge dans les Indes, où il se tailla encore un vaste royaume. Il parvint même plus tard à reconquérir une partie de l’Iran. Mais il ne put que retarder sa perte. Les Mongols le battirent de nouveau et, après