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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 115.djvu/932

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L'EXPLORATION
DU
COMMANDANT MONTEIL

La république romaine avait son Capitole, le lieu sacré, autel et foyer de la patrie, maison commune des souvenirs et des espérances nationales, où l’âme d’un peuple vient se reconnaître elle-même et se ressaisir, aux heures des grandes émotions collectives. La république française aurait-elle trouvé le sien ? On est tenté de le croire, quand on entre dans cet amphithéâtre de la nouvelle Sorbonne, achevé d’hier, et consacré déjà par d’inoubliables fastes. Le pouvoir d’un peintre a déterminé d’avance le caractère des seules cérémonies permises dans ce vaisseau. Devant les créatures augustes sorties de son rêve, il ne se peut rien dire, il ne se peut rien faire de petit et de particulier. Des yeux et des gestes calmes de ces divines personnes, de la nature où elles demeurent, de la source d’immortalité qu’elles gardent, on sent tomber, sur les efforts passagers des pauvres hommes, de la paix, de la durée, de la grandeur.

Elles furent satisfaites, elles virent un spectacle digne d’elles, il y a quelques semaines, le jour où les délégués de la France et de