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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 116.djvu/243

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intéressés à le suivre et les libéraux qui ne lui manqueront pas, M. Gladstone peut compter garder une majorité, triompher de toutes les résistances dans la chambre des communes. Eût-il cependant cette première victoire, resterait toujours la chambre des lords, dont l’opposition, vraisemblablement acharnée, peut devenir une assez sérieuse complication, peut-être même conduire à une nouvelle dissolution du parlement. C’est donc une ère de luttes intérieures qui s’ouvre en Angleterre, et il faut vraiment l’imperturbable confiance de ce prodigieux octogénaire placé aujourd’hui au pouvoir pour ne pas craindre de tenter une révolution dans le royaume-uni. Dans tous les cas, M. Gladstone aura eu le mérite, le courage, d’avouer en plein parlement que les promesses faites par l’Angleterre au temps de l’union n’ont pas été tenues, et après lui, il sera difficile de revenir à la politique de répression qui depuis un siècle fait de l’Irlande la grande et invincible révoltée.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La chambre des députés a voté, à une grande majorité, le projet de loi de M. Tirard établissant un impôt sur les opérations de Bourse à terme. Ce vote résout le conflit existant depuis si longtemps entre la coulisse ou marché libre et le parquet ou marché officiel, et qui avait pris un caractère aigu depuis deux ans. Le parquet avait réussi à obtenir que le Crédit lyonnais fermât ses portes aux réunions du soir des coulissiers ; la chambre syndicale avait interdit la négociation, sur le marché libre, de la rente italienne et des fonds russes. Il restait encore à la coulisse, outre les valeurs qui sont de son domaine propre, telles que le Rio-Tinto, l’action de Beers, les Tabacs ottomans, les Mines de Robinson et autres, le plus grand nombre des valeurs internationales sur lesquelles elle effectuait de nombreuses opérations pour l’arbitrage, et enfin la rente française. Désormais la coulisse ne pourra plus opérer directement que sur les valeurs constituant son domaine propre, quitte pour elle à en augmenter le nombre autant