servi à convertir le fonds 3 pour 100 dont nous venons de parler, le gouvernement mexicain en recevant les titres à 40 pour 100 de leur valeur nominale en paiement des versemens à faire. Le reste de l’emprunt a été employé à combler les déficits des budgets et à payer des subventions aux chemins de fer[1]. Émis à 85 dans le public, le 6 pour 100 mexicain a un moment, en 1890, touché le pair ; il oscille aujourd’hui entre 80 et 83. Il n’y a donc pas à regretter que ce fonds soit à peu près exclusivement entre les mains des capitalistes hollandais, allemands, anglais, et qu’il n’ait pas pénétré en France. Les Mexicains eux-mêmes possèdent fort peu de leurs fonds nationaux. Nous ne voulons pas croire que ce soit par défiance : c’est sans doute plutôt parce qu’ils peuvent placer leurs capitaux plus lucrativement en hypothèques, en acquisitions foncières, en escomptes commerciaux.
Malheureusement, la charge de la dette mexicaine va en s’accroissant par suite de la nécessité où le gouvernement est de se procurer des remises sur Londres, à un change qui est d’autant plus élevé que l’argent est plus déprécié par rapport à l’or. La piastre mexicaine, qui au pair vaudrait 5 fr. 43, ne vaut plus actuellement sur les marchés européens que 3 fr. 40. À Mexico, le change est de 3,27 à 3,30 sur Paris. Il en résulte, il est vrai, une prime de même valeur pour les producteurs de sucres, de cafés, de bois de teintures, qui ont à exporter des marchandises et qui placent leurs traites avec un grand bénéfice. Malgré cet encouragement donné aux exportations nationales, à la conférence monétaire de Bruxelles, le représentant du Mexique, M. Casasus, qui est un économiste distingué, a déployé les plus grands efforts pour soutenir la cause de la remonétisation libre du métal blanc. Mais il y a une force des choses plus forte que tous les argumens, et la conférence de Bruxelles s’est ajournée sans avoir rien fait, comme l’avait indiqué à l’avance notre éminent collaborateur, M. Cucheval-Clarigny. Chaque année, la perte au change est pour le trésor mexicain d’une dizaine de millions.
Ajoutez à cela que les augmentations du tarif douanier, qui est la principale ressource fiscale du pays en raison de son état économique et de sa constitution sociale, ne suffisent pas à équilibrer les recettes aux dépenses ; elles se retournent même contre le but qu’on s’était proposé et donnent des rendemens moins élevés. En 1891, la
- ↑ La république a, en outre, une dette intérieure ne portant pas intérêt formée par les certificats (alcances) d’arrérages et de traitemens restés impayés. Les titres en sont acceptés par le trésor, en paiement des terres publiques qu’il vend et des autres recouvre mens qu’il a à faire à l’exception des droits de douane. Ils sont cotés à Mexico aux environs de 20 pour 100.