sécheresse qui a sévi sur tous les hauts plateaux et a détruit les récoltes d’orge, de maïs, de haricots, base de l’alimentation des classes populaires, a amené une disette qui a causé un grave déficit dans les recettes. Dans l’exposé que M. Romero, le ministre des finances, a fait au congrès national, en décembre 1892, il évalue le déficit de l’année fiscale 1892-1893 à Zi6 millions de francs environ, et, quoiqu’il propose de nouveaux impôts jusqu’à concurrence de 19 millions, son budget pour 1893-1894 prévoit encore un déficit de 15 millions. Il faut savoir gré à M. Romero de la franchise avec laquelle il a exposé la situation, au lieu de la dissimuler, comme on le faisait auparavant. Il demande de nouvelles ressources à des impôts sur les assurances et les successions, et il a abaissé les taxes sur quelques articles du tarif douanier qui par leur exagération nuisaient aux recettes. La situation financière reste malgré tout le point noir du Mexique. La question est de savoir si les chemins de fer, qui sont la grande œuvre du président, développeront assez rapidement les forces agricoles, commerciales et industrielles du pays, pour que l’accroissement de la richesse générale lui permette de supporter sa dette sans faire une nouvelle banqueroute. Il faut espérer que cette épreuve lui sera épargnée, car son régime monétaire est excellent ; jamais il n’a eu recours au papier-monnaie. Les banques, qui émettent des billets, le font dans des conditions de grande sagesse. Le billet de banque est une monnaie qui s’envoie par la poste et entraîne bien moins de risques que le transport de lourds sacs de piastres : voilà pourquoi il s’est acclimaté dans ces dernières années ; mais ce n’a pas été un expédient financier, et il est toujours couvert par des réserves métalliques plus que suffisantes. Les États particuliers jouissent d’une autonomie financière presque absolue. Ils peuvent emprunter librement, mais jusqu’ici, quelques-uns seulement ont usé de cette faculté. Le Mexique est donc dans une situation bien supérieure à celle des républiques de l’Amérique du Sud, et ses amis, ses créanciers, peuvent nourrir l’espérance qu’avec une grande sagesse gouvernementale, ses progrès économiques consolideront sa situation financière.
Par suite de ses longues révolutions, le Mexique était encore, il y a dix ans, au point de vue des communications, du commerce et de l’industrie, ce que l’Espagne était au XVIIIe siècle. L’intervention française, le règne trop court de Maximilien, firent pénétrer