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L’étude des localisations cérébrales n’est qu’une introduction à la psychologie ; parlons maintenant de la psychologie proprement dite.

Pour la clarté de notre exposition, nous pouvons distinguer dans la psychologie trois classes de recherches : 1° les recherches de laboratoire ; 2° les recherches de psychologie descriptive ; 3° les recherches de psychologie pathologique.


II

Un grand nombre des communications faites au congrès de Londres doivent être rangées sous le titre de psychologie de laboratoire. Cette expression peut surprendre une personne non prévenue. Qu’est-ce que la psychologie de laboratoire ? Comment soumettre l’âme, demandera-t-on, à une expérience matérielle ? N’y a-t-il pas contradiction dans les termes ?

Nous répondrons simplement que les laboratoires de psychologie existent, qu’on y travaille beaucoup et qu’ils sont devenus de nos jours très nombreux. Les premiers se sont fondés en Allemagne, sous l’influence de M. Wundt, l’éminent professeur de Leipzig, qui a donné une si puissante impulsion à la psychologie physiologique ; plusieurs de ses élèves ont organisé d’autres laboratoires à Gœttingue, à Fribourg et à Bonn. À Berlin, il existe aussi un laboratoire dirigé par M. Ebbinghaus. L’Italie en compte également plusieurs, sans compter le récent musée psychologique imaginé par M. Mantegazza. En ce moment le pays qui possède le plus grand nombre de laboratoires est sans contredit l’Amérique, terre de toutes les innovations. On pourrait presque dire que toutes les fois qu’il se forme un grand centre de population en Amérique, il se fonde en même temps un laboratoire de psychologie. Les revues américaines nous apportent des renseignemens intéressans sur l’intensité de cette vie psychologique du Nouveau-Monde. On a créé des laboratoires à Toronto, à Indiana, à Providence, etc. ; je ne sais pas le nombre exact, mais il dépasse dix ; on dit même qu’il est égal à vingt ; dans tous ces instituts, on fait des cours de psychologie expérimentale, on dirige des élèves, on met des appareils à leur disposition pour des recherches originales. Ceux qui connaissent le prix des appareils de précision comprendront qu’une telle organisation doit entraîner des dépenses considérables, mais les Américains ne comptent pas quand il s’agit de la psychologie ; ils savent toujours faire des sacrifices d’argent pour les œuvres qu’ils trouvent utiles.

De temps en temps, les élèves américains en psychologie passent les mers et viennent demander à la vieille Europe un supplément