l’ancienne Rome, le théâtre de Marcellus, le Colisée, les Thermes… Pendant huit ans (1505-1512), le vieux Urbinate mène de front ces trois tâches écrasantes, auxquelles le Rovere ne se fait pas faute d’en ajouter à chaque moment de nouvelles : le chœur de Sainte-Marie-du-Peuple, l’escalier du palais de la Signorie, à Bologne, le port de Civita-Vecchia, la Canonica de Lorette, etc. Pendant huit ans, il est constamment sur la brèche à Rome, ou en course sur les grandes routes de l’État pontifical : ingénieur militaire, inspecteur des travaux, surintendant des arts, architecte, il remue des mondes de pierre et de terre, abat et rebâtit partout où il passe.
Diruit, œdificat, mutat quadrata rotundis…
Il ne va pas encore assez vite pourtant au gré du terrible mécène, et il finit par faire travailler ses ouvriers littéralement jour et nuit, la nuit aux lueurs des flambeaux. Cette hâte fiévreuse aura des conséquences graves, amènera des tassemens et des lézardes dans les bâtisses, et Michel-Ange y trouvera plus tard l’occasion de calomnier indignement la mémoire de l’Urbinate détesté. Disons-le aussi que les architectes de la haute renaissance en général ne se préoccupaient pas outre mesure, ni même dans la mesure convenable, de la solidité des constructions dont ils jetaient les plans sur le papier, en laissant la responsabilité de l’exécution à des subalternes. Leur grand théoricien, Leon-Battista Alberti, n’était-il pas allé jusqu’à prétendre qu’il était au-dessous de la dignité de l’architecte-artiste de travailler lui-même à la réalisation matérielle de ses idées ? Maître Donato a, sous ce rapport, laissé peut-être trop à faire à son aide, Giulian Leno. L’œuvre de Bramante, sa gloire aussi, a beaucoup souffert dans la suite de toutes ces circonstances bien fâcheuses ; mais Jules II leur a dû devoir au moins l’une de ces grandes entreprises monumentales considérablement avancée encore de son vivant. L’Opusculum de mirabilibus novœ et veteris urbis Romœ, qui date du milieu de 1509, parle déjà du Belvidere splendidement rebâti et des statues antiques célèbres réunies dans son viridarium, La même année, Erasme de Rotterdam fait (à Corsi) la description d’un combat de taureaux auquel il vient d’assister dans une des cours du Vatican.
Le Vatican présentait alors (comme il le fait encore aujourd’hui) une agglomération d’édifices construits à diverses époques sans aucun souci de régularité et de caractère homogène. Ce que Bramante a pensé faire pour la façade du palais pontifical du côté de la place de Saint-Pierre, nous pouvons le deviner seulement d’après cette partie de la cour de Saint-Damase où il a laissé