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personnel et de l’entretien, nous ne nous en faisons l’écho qu’avec la plus grande réserve, car ils reposent sur des allégations difficiles à contrôler. Toutefois le ministre des travaux publics qui a succédé à M. de Maybach a donné à cet égard des indications qui paraissent démontrer que les critiques dirigées de certains côtés contre l’administration de son prédécesseur n’étaient pas dénuées de fondement.

Ces révélations sont survenues à propos de l’augmentation considérable qui s’est produite tout à coup dans les dépenses d’exploitation. Le rapport des dépenses aux recettes s’est accru subitement de 55 pour 100 en 1889-1890, à 62 pour 100 en 1890-1891 et à 64 pour 100 en 1891-1892[1]. Invité à justifier l’écart considérable qui se produisait entre les résultats de l’exercice en cours et les prévisions budgétaires, le nouveau ministre, M. de Thielen, a donné au parlement, dans la séance du 21 janvier 1892, les explications suivantes :

« On s’est trouvé dans la nécessité d’augmenter le personnel

  1. Cette situation a été l’objet de l’appréciation suivante du rapporteur de la commission du budget, M. Tiedemann, dans la séance du parlement du 18 février 1892 : « En 1890, les dépenses ont augmenté de 74 millions de marcs par rapport à l’année précédente. Un des plus importans facteurs de cet accroissement est la dépense de personnel, qui a augmenté de 27,580,000 marcs, soit 13 pour 100 : elle résulte en partie (pour 7,782,000 marcs) de l’augmentation des salaires inférieurs des employés et des indemnités de résidence, et pour 500,000 marcs de conséquences de la loi sur les caisses de vieillesse et d’invalidité. Ces motifs, dont il a été tenu compte dans les prévisions du budget de 1890, mis à part, il reste encore un supplément de dépenses de personnel de 9 pour 100 attribuable à d’autres causes. — Les autres dépenses se sont accrues de 48,300,000 marcs. L’accroissement le plus important provient des dépenses de traction, qui ont augmenté de 15,700,000 marcs. C’est en partie la conséquence de l’augmentation du nombre des trains et du parcours des wagons, mais principalement celle du renchérissement du prix des matières consommées et surtout du charbon. Le prix de la tonne de houille a augmenté de 11 m. 16 à 14 m. 33 ou de 28 pour 100, ce qui a provoqué un accroissement de dépenses de 14 millions de marcs. — En ce qui concerne les dépenses supplémentaires d’entretien de la voie et du matériel, il faut l’attribuer principalement à l’influence du rigoureux hiver de 1890-1891, et aussi pour une bonne part au renchérissement général des matériaux : le prix des rails d’acier a augmenté de 128 marcs à 152 marcs par tonne, celui des matériaux de fer de 175 marcs à 211 marcs. — Après un examen scrupuleux de la situation, la commission a été d’avis qu’il n’y avait rien à redire aux chiffres ci-dessus. Elle s’est demandé seulement ce que deviendraient ces dépenses dans les exercices suivans, et elle a dû reconnaître que si le prix des matériaux tendait à redescendre, en revanche, on ne pouvait espérer obtenir facilement une réduction des frais de personnel et qu’il fallait même compter que les dépenses de cette nature s’accroîtraient encore pendant quelque temps : or, elles représentent 40 pour 100 de la dépense totale. Aussi, comme les dépenses de 1890, estimées à 539 millions, ont en réalité atteint le montant prévu pour l’exercice suivant, soit 552 millions, nous avons dû prévoir pour 1892-1893 une dépense de 595 millions et demi. »