Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 117.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Depuis longtemps on s’abandonnait, à Vienne, au charme d’une hausse ininterrompue sur les fonds publics, les chemins de fer, les banques. La réforme de la valuta, avec les multiples opérations qu’elle exigeait, longuement préparées et habilement exécutées, inspirait à la spéculation viennoise une imperturbable confiance. Un jour vint cependant où, tout le monde ayant acheté et pouvant se dire haussier, il ne fut plus possible de trouver à qui vendre. Il y eut quelques jours d’incertitude. L’affaire serbe survenant, toute la Bourse viennoise prit peur. La panique n’a pas duré, les cours se sont raffermis. Le 4 pour 100 hongrois, dans cette alerte, a conservé une très ferme tenue et se négocie toujours au-dessus de 96. Les Chemins autrichiens et lombards ont gardé également leurs cours du milieu du mois à 2 fr. 50 près pour ces derniers.

La place de Berlin est restée remarquablement calme. Le rouble n’a eu que d’insignifiantes variations ; mais les fonds russes se sont raffermis. Le Consolidé a été porté de 97.55 à 98.25, le 3 pour 100 de 77.90 à 78.15, l’emprunt d’Orient de 68.95 à 69.72. L’exercice budgétaire 1892 en Russie a laissé un excédent considérable, au lieu du déficit prévu.

Les fonds turcs ont eu peu de variations. La Banque ottomane et la Banque de Paris et des Pays-Bas ont mis en souscription publique, le 25 courant, 100,000 obligations de 500 francs 3 pour 100 du chemin de fer de jonction Salonique-Constantinople ; prix offert : 282.50 ; intérêt garanti par une subvention annuelle maxima de 15.500 francs par kilomètre gagée sur le produit des dîmes des régions traversées. Les établissemens émetteurs déclarent que l’emprunt a été couvert.

La rente espagnole a reculé de près d’une unité, de 67 à 66 1/4. Cette réaction est assez naturelle après une forte hausse ; elle est en outre motivée par une nouvelle tension du change au-dessus de 15 pour 100, par des bilans de la Banque d’Espagne où la circulation fiduciaire apparaît en accroissement, enfin par la lenteur avec laquelle est abordé aux Cortès l’examen du problème financier. La campagne qui avait été entreprise pour l’amélioration des prix des obligations de chemins de fer d’Espagne, et en même temps des actions, a tourné court. Elle était toute fondée sur l’abaissement de l’agio de l’or, et l’agio n’a pas baissé. Le Saragosse, après avoir été porté à 220, a reculé à 195 ; le Nord de l’Espagne est ramené de 180 à 167.50, les Andalous de 375 à 362.50.

Une reprise assez vive a eu lieu sur la rente portugaise de 22 13/16 à 23 3/4. On attend, à l’ouverture des Cortès, la déclaration des intentions du gouvernement, concernant le règlement de la dette extérieure. Le change s’est détendu et la situation financière du Portugal a déjà fait quelque progrès. Les points faibles sont toujours la circulation.fiduciaire excessive, la position de la Banque du Portugal, et le peu de