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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 117.djvu/387

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utilisée, M. Muntz sema des plantes d’expériences dans un sol dépouillé de nitrates par des lavages prolongés, et privé, par l’action du feu, des fermens capables de nitrifier l’ammoniaque. Il ne suffisait pas qu’au début les terres fussent incapables de transformer les sels ammoniacaux dont on voulait constater l’efficacité, il fallait, en outre, que cette transformation ne pût avoir lieu au cours de la végétation, car si, à un moment quelconque, l’analyse décelait la présence des nitrates, l’expérience perdait toute valeur. Or, les fermens nitrificateurs sont très répandus ; très légers, ils sont entraînés de tous côtés, flottant dans les poussières de l’air. Il fallait donc mettre les terres à l’abri de ces poussières ; on logea les cultures dans de grandes cages de verre, dont les parois étaient enduites d’une matière visqueuse, la glycérine, très propre à retenir les poussières atmosphériques. Pour laisser cependant un libre accès à l’air, une des parois lut fermée avec un treillage métallique à mailles serrées, également enduites de glycérine. Du maïs, des fèves, de l’orge, des féveroles, du chanvre, furent élevés dans ces conditions, et, bien que jamais les nitrates n’eussent été constatés dans le sol, ces plantes acquirent un développement normal qu’on ne peut attribuer qu’à l’influence de sels ammoniacaux employés comme engrais.


V

C’est cependant, il faut le reconnaître, sous forme de nitrates ou d’azotates, ces deux noms désignent la même classe de sels, que la plupart du temps l’azote pénètre dans les végétaux, et dès lors l’étude de leur formation présente pour la culture un intérêt de premier ordre.

Les salpêtriers utilisent depuis longtemps les nitrates qui apparaissent spontanément sur les murs des lieux habités, des étables, des écuries, dans les caves des maisons habitées ; ces nitrates, mélangés au charbon et au soufre, constituent la poudre à canon, et leur recherche dans les maisons fut, au siècle dernier, l’occasion de terribles vexations.

On savait bien du temps de Lavoisier que le nitre ou salpêtre, que nous nommons aujourd’hui azotate de potasse, tire son origine de l’altération des matières d’origine animale, mais on ignorait encore sa composition ; ce ne fut que plus tard, quand les progrès de l’analyse apprirent que les matières animales, l’ammoniaque et l’acide azotique, ont un élément commun : l’azote, qu’on comprit que la nitrification est due à l’oxydation de ces matières