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les jours quelque chapitre de la sainte Écriture, en lui expliquant familièrement les passades les plus obscurs. Il s’occupera soigneusement de lui inculquer, avec la connaissance des principes de la religion, la pratique des vertus chrétiennes et « la déférence que les seigneurs princes, ses aïeux, ont toujours témoignée à la république de ces provinces… et comme par là même ils se sont affermis dans l’autorité et le crédit qu’ils y ont acquis. » Pour y parvenir, il sera bon de u l’animer des beaux exemples domestiques qu’il peut trouver dans la vie de ses ancêtres, » auxquels il ajoutera ceux des grands hommes de tous les temps. M. de Zuylestein insistera sur la connaissance générale de la géographie au moyen de cartes « qu’il ait continuellement devant les yeux. » Il s’attachera avec le même soin à éviter les mauvaises compagnies et les mauvais livres à son élève. Que celui-ci soit affable envers tous, et « donne plutost dans un peu d’excès de courtoisie. » Il ne faudra pas laisser de rendre à Leyde « quelque contrevisite aux principaux du Magistrat ou de l’Académie, soit dans leurs maisons ou leurs jardins, » en habituant le prince à répondre avec convenance, mais toujours librement et de lui-même. À l’occasion, le gouverneur tâchera de corriger l’enfant « des petites promptitudes auxquelles sa complexion naturelle ou la liberté de sa première enfance le pourrait avoir rendu enclin… luy représentant la déformité de semblables faiblesses et les inconvéniens qui en pourraient résulter si de bonne heure il ne taschait de les surmonter, en s’accoutumant même à ne traiter ceux qui le servent qu’avec douceur et patience. » Pour cela, il est nécessaire de ne jamais perdre de vue son élève, et « sans luy rendre ses corrections odieuses, sans le faire rougir devant le monde,.. il faut que les exhortations de son gouverneur sentent toujours plutost le miel que le fiel. » La régularité des études est tout à fait nécessaire, et M. de Zuylestein devra y pourvoir. Il veillera à ce que le jeune garçon ait une bonne écriture, « d’un trait aisé et gracieux, bien séant à la main d’un prince. » Avant d’aborder l’étude du latin, il sera bon de lui en inspirer le goût par la citation de quelques proverbes ou passages de l’Évangile, de manière à lui donner l’envie de pénétrer plus avant dans cette langue, en le stimulant au besoin par l’exemple d’autres enfans de son âge et plus avancés que lui. Avant l’étude du latin, il conviendra « de le bien exercer aux deux langues qui lui sont le plus nécessaires, la flamande et la française, en lui conservant ce qu’il a déjà acquis de l’anglaise, et prenant garde qu’il se rende parfait en l’orthographe de toutes les trois et à les prononcer nettement. » À cet effet, il aura à rendre compte de ses lectures sans bredouiller, ni bégayer. Il devra aussi « être acheminé vers l’arithmétique, la vraye science des princes,