d’un pois. » Et pour le payer de cette peine, il lui fut un jour mandé « qu’on se trouvait importuné de ses petites lettres. » Il a également mis en ordre toute la correspondance privée de la princesse, donné pour elle son temps et ses soins, jusqu’à se rendre malade ; se trouvant trop récompensé quand elle lui adressait un remercîment. Et « toujours un pied en l’air, comme le bon cheval de manège, il attendait gaîment quand on pourrait lui en demander davantage qu’il n’en avait fait. » Aussi usait-on de sa bonne volonté. C’est à lui qu’on s’adressait pour toutes ces « reparties à Roys et à Reynes et autres grands, qui, en effet, ne disent rien et doivent être enfilées d’une suite de paroles d’aussi difficile recherche que la matière en est vaine et stérile. » Avec quel zèle il s’est employé pour la famille du prince, bien que ce ne fût point là non plus sa besogne, « mais estant trop avant dans la possession de porter tout ce qu’on lui jetait à dos pour songer à se défendre ! » Et de fait, il n’a jamais pensé à le faire, « quoique le tout ne lui ait pas profité la rognure d’un ongle. »
Malgré ces ennuis, après la mort du prince, il a préparé le texte et les illustrations des mémoires laissés par Frédéric-Henri, tâche difficile et qui nécessita de nombreuses « conférences entre quatre yeux, » avec la princesse. Il rappelle aussi la part qu’il a prise à la conduite du bâtiment élevé par Amalia de Solms en l’honneur de son mari, la Maison du Bois, près de La Haye, et « nommément des ornemens de cette glorieuse salle d’Orange d’où, par son avis, la maison eut le nom. » Il y a contribué par ses correspondances et ses entretiens avec les peintres, architectes et généalogistes qui y ont travaillé, composant lui-même « quelques inscriptions de sa façon qui font parler les choses muettes. »
Les services qu’il a rendus au sujet de la tutelle du dernier prince ne sont pas moindres, et cependant malgré tant de soins et de peines, on l’a éconduit dans les deux demandes qu’il a faites successivement pour son fils d’un emploi de receveur et d’un autre de conseiller ; tout cela sans égard pour un homme dont la vie tout entière a été vouée à ses devoirs et dont la famille a depuis quatre-vingts ans servi sous quatre princes consécutifs.
Ce ne fut là, nous l’avons dit, qu’un nuage passager dans la longue carrière de Huygens, et sous Guillaume II et Guillaume III il avait retrouvé et accru la haute situation à laquelle il avait tant de droits. Nous en verrions, au besoin, la preuve dans le mémoire qu’il eut ordre de rédiger pour M. de Zuylestein, nommé gouverneur du jeune prince Guillaume-Henri, au moment où celui-ci allait s’installer à Leyde en 1659. Le premier, le principal soin du gouverneur sera d’inspirer à l’enfant « de vives impressions » de l’amour et de la crainte de Dieu. À cet effet, il devra lui lire tous