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FRAGMENS DES MÉMOIRES
DU
CHANCELIER PASQUIER[1]

I.


I.

Le 4 décembre, Madrid était occupé par les troupes françaises, commandées par l’empereur. Pour qu’il pût s’avancer avec tant de rapidité, il n’avait pas fallu moins de trois batailles gagnées. Les victoires avaient été complètes, faiblement disputées, bien que les Espagnols eussent mis en ligne des masses énormes, preuve certaine de la part que prenait la population presque entière à une résistance dont le terme dès lors ne devait pas sembler très prochain. Dans la Catalogne, par exemple, il fallut toute l’habileté militaire et toute la vigueur du général Gouvion Saint-Cyr pour se maintenir et pénétrer jusqu’à Barcelone. En Aragon, la ville de Saragosse préparait cette mémorable défense qui a duré plus de neuf mois et qui devait, après plus de vingt siècles, rappeler celles de Numance et de Sagonte.

L’armée anglaise, accourue au secours de l’insurrection espagnole, ne tarda pas à battre en retraite jusqu’à la Corogne, poussée par le maréchal Soult auquel l’empereur avait laissé le soin de la

  1. Ces fragmens sont extraits des Mémoires du chancelier Pasquier (Histoire de mon temps) qui vont être prochainement publiés par M. le duc d’Audiffret-Pasquier dans la collection historique de la librairie Plon.