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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/125

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pression sur l’être vivant est une influence en apparence mécanique, en réalité d’ordre chimique. En est-il de même de l’action des mouvemens de l’atmosphère ? Si nous laissons de côté la considération que les vents et autres mouvemens atmosphériques, en favorisant la diffusion des gaz produits en abondance sur tel ou tel point, et le rôle régulateur de la mer, contribuent à agir sur la composition chimique de l’air, nous voyons que l’action de ces mouvemens est d’ordre purement physique. Au point de vue très spécial qui nous occupe ici, il faut considérer ces mouvemens comme servant à la régulation de la température, et comme contribuant à la dispersion de certaines formes de la vie. Régulateurs de température, ils le sont nécessairement, puisque les vents ont pour cause principale l’inégalité de l’échauffement du sol et de l’air en des lieux différens, et si ceux-ci n’existaient point, la température ne tarderait pas à devenir insupportable et nuisible à la vie. Sans eux, les nuages ne transporteraient pas l’eau des mers sur les continens et la sécheresse serait grande. Sans eux, l’air localement vicié demeurerait tel ; la diffusion des gaz impurs produits naturellement ou artificiellement ne se ferait que lentement. Le vent est le balayeur de l’air ; il le pousse, l’agite, le mélange, le fait passer sur les terres et les mers et assure la répartition dans toute l’atmosphère des élémens qui, pour une cause ou pour une autre, se produisent avec plus d’abondance sur un point quelconque ; il entretient la pureté de l’atmosphère, ou, du moins, son homogénéité de composition, et contribue à empêcher les trop grandes inégalités de température. Il est à remarquer que les mouvemens de l’atmosphère exercent une influence sur la régulation de la température propre de l’homme et des animaux homœothermes. Ils servent à empêcher la saturation de l’air par l’humidité, et on sait combien dans une atmosphère humide et chaude, la chaleur est pénible, en raison de la difficulté avec laquelle s’opère la bienfaisante et rafraîchissante évaporation de la transpiration dans un milieu déjà saturé d’humidité ; et d’autre part, l’air absolument sec n’est pas sans inconvéniens et irrite les poumons. En répandant partout dans l’atmosphère l’humidité produite en abondance dans certaines parties de celle-ci, les vents ont une utilité considérable pour les êtres vivans ; ils en ont encore en favorisant la dispersion de nombre d’insectes et de végétaux qu’ils entraînent au loin, par-delà les mers, dans les îles et les continens voisins. Mais ils ont leurs inconvéniens aussi, en dispersant en même temps les microbes pathogènes et les maladies dont ils sont la cause. Je n’insisterai pas sur ce point, qui d’ailleurs se représentera à nous bientôt : il suffit de signaler l’influence favorable à la fois et nuisible qu’offrent