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De nuit, la vapeur d’eau tempère le rayonnement. La terre échauffée de jour tend, durant la nuit, à perdre sa chaleur et à la renvoyer dans les espaces périplanétaires : ce rayonnement est considérable quand le ciel est très pur et très sec ; une nuit claire est plus froide qu’une nuit nuageuse ; elle est plus froide sur les sommets, surmontés d’une couche faible d’atmosphère et de vapeur d’eau, que dans les plaines basses surmontées d’une couche atmosphérique plus épaisse. Le rayonnement est un phénomène inévitable, si nous considérons que les espaces célestes présentent une température infiniment basse, probablement inférieure à — 100 degrés centigrades ; mais il est d’autant plus grand que l’air est plus sec, plus pauvre en vapeur d’eau capable d’absorber ces rayons calorifiques obscurs qu’émet la terre. Sans la vapeur d’eau, dès le coucher du soleil, il se produirait un refroidissement considérable, comme cela a lieu sur les montagnes élevées, sur les hauts plateaux, au Thibet par exemple, ou même dans les déserts, comme le Sahara, surmontés d’une atmosphère très sèche, et ce refroidissement serait très nuisible et même fatal à nombre d’animaux et de plantes. La vapeur d’eau tempère donc la chaleur du jour et le froid de la nuit : elle établit une certaine uniformité là où sans elle il se présenterait des extrêmes défavorables à la vie. Signalons encore le rôle qu’elle joue en s’opposant à la production d’une obscurité totale durant la nuit, en s’illuminant dans les hauteurs où les rayons du soleil pénètrent encore après avoir quitté notre sol. On peut dire que, sans la vapeur d’eau de l’air, beaucoup de formes animales et végétales disparaîtraient : c’en est assez pour faire sentir son importance.

Le rôle des matières solides nombreuses que renferme l’atmosphère est aussi varié que la nature même de celles-ci. L’air physiquement pur est un mythe, en effet, et on ne peut l’obtenir que dans les laboratoires avec certaines précautions. Même aux plus grandes hauteurs où le nombre des microbes de l’air est petit et où ils font le plus souvent défaut, ainsi que les fragmens végétaux ou animaux, il existe toujours des poussières minérales très fines, il est vrai, dont les unes viennent des cendres rejetées par les volcans ou du sol lui-même, et les autres sont des fragmens infinitésimaux d’aérolithes qui ont traversé notre atmosphère. Ces poussières se voient aisément à l’œil nu quand nous regardons un rayon de soleil qui traverse une chambre. Mais, pour les bien analyser, il faut avoir recours au microscope et à l’aéroscope. Alors on y trouve les élémens les plus variés. Ce sont de petits animaux desséchés, des vers, des rotifères, etc. ; des vibrions, des infusoires, des fragmens d’insectes, de laine, des écailles d’ailes de papillons, des poils,